Si l’interprétation et la réalisation sont irréprochables, le film souffre d’un scénario et d’une caractérisation des personnages grossière. Le réalisateur n’hésite pas à sombrer dans le manichéisme (les gentils habitants du bayou contre les vilains citadins), l’angélisme (nous sommes pauvres mais heureux ensemble et proches de la nature), voire la morale douteuse (ce qui ne te tue pas te rend plus fort) quand elle s’applique à un enfant.
Car le gros défaut du film vient d’emblé d’un manque d’empathie vis-à-vis des personnages, le père et par ricochet la petite Hushpuppy. C’est exactement le même phénomène qui créait tant de distance entre les spectateurs et les personnages de De Rouille et d’Os. Comme dans ce film, le père de Hushpuppy est le reflet de l’environnement dans lequel il vit. Il est brutal, irresponsable, incapable de montrer son amour pour son enfant (ou alors à la toute fin) qu’il traite comme un adulte. Wink, surement frustré de n’avoir pas eu de fils, incite sa fille à se montrer agressive, lui fait boire de l’alcool, lui fait exhiber ses muscles. Pour lui permettre de survivre dans un monde hostile, oui surement. L’autre solution serait aussi, plutôt que de s’arque bouter sur ses principes (on ne quitte pas le bassin), de l’emmener vivre ailleurs et d’essayer de lui offrir un autre avenir que celui que lui-même a vécu, reproduisant ainsi à l’infini un modèle discutable. Il est d’ailleurs notable que jamais nous ne verrons sourire l’enfant tout au long du film.
Les Bêtes du sud sauvage se veut un conte humaniste, écologique, philosophique. Il se donne beaucoup de mal pour y arriver mais la magie n’opère pas.
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