Le choix de Jean François Richet pour adapter à l’écran la vie de Jacques Mesrine est à la fois un bon et un mauvais parti.
Le réalisateur a montré avec Assaut sur le central 13, le remake du Assault de Carpenter, qu’il savait réaliser un film d’action efficace et hors norme. Mais Richet est aussi le réalisateur de Ma 6-T va crack-er, un militant qui ne cache pas son refus de l’ordre établi, voire de la société actuelle. Le message de fond de Ma 6-T va crack-er était contestable en légitimant quasiment les émeutes et les violences des banlieues.
Malgré ses déclarations, force est de constater qu’avec ce premier volet de Mesrine, il retombe dans les mêmes travers et peine à cacher son admiration pour celui qui fut dans les années 80 l’ennemi public numéro 1.
Mesrine est certes montré dans le film comme un homme violent, extrémiste et un véritable metteur en scène de ses actes. Il commet des meurtres mais ils sont plus ou moins légitimés, notamment quand il venge une prostituée défigurée par son mac. Il vole, mais seulement aux riches, il kidnappe un milliardaire et sympathise avec des indépendantistes canadiens. Bref nous ne sommes pas loin des figures mythiques de révoltés qui défient la société. Mais ce serait oublier un peu vite que ces personnages de légende (Guevara en tête pour ne citer que le plus emblématique) défendait une cause. Mesrine lui agit pour son propre compte et n’hésite pas à tuer pour arriver à ses fins personnelles.
Ceci étant, Mesrine est bien réalisé, habité par un Vincent Cassel animal, secondé par des seconds rôles impeccables (Depardieu, Lellouche) mais parfois sacrifiés (Cécile de France). On peut reprocher à Richet certains effets de style un peu artificiels (les split screens et les effets de miroirs quand il se prend pour De Palma !), mais on doit lui reconnaitre une parfaite maitrise des scènes d’actions.
L’un des principaux points faible de ce premier volet, dans sa forme, est cette sensation que le réalisateur a tourné 3 ou 4 heures de film et que, forcé par des contraintes de production, il en a monté les meilleures séquences bout à bout. On a ainsi la sensation de traverser la première période de la vie si tumultueuse de cet homme hors du commun à toute vitesse. Les années défilent et on aimerait parfois s’attarder un peu sur certains personnages (Jeanne en particulier) ou certains épisodes de son existence.
Attendons le second volet de Mesrine pour porter un jugement global sur un film ambitieux et décomplexé dans sa forme, mais discutable sur la manière dont sont montrés les faits.
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