Comme c’est souvent le cas pour un second épisode, le réalisateur, libéré de toute contrainte de présentation de ses personnages, peut s’exprimer pleinement sans passer trop de temps à planter le décor.
C’est exactement ce que fait Guillermo Del Toro qui nous offre avec ce second volet des aventures de Hellboy un spectacle total, complètement décomplexé et pourtant sensible et intelligent.
Le réalisateur mexicain continue ce qu’il avait initié dans le premier Hellboy, c'est-à-dire faire vivre et dynamiser l'univers si particulier de Mike Mignola, et construire un monde impensable peuplé de créatures sorties de toutes les mythologies possibles, et néanmoins d’une rare cohérence. Le cinéphile amateur de fantastique peut y piocher de multiples références, les non initiés en prendront plein la tête et les yeux.
Ainsi, le peuple des elfes auxquels les membres du BPRD sont confrontés auraient tout à fait sa place dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Les gardes qui défendent le roi contre son fils semblent tout droit sortis de l’univers de Silent Hill illustré par Christophe Gans. Le dieu de la forêt qu’affronte Hellboy en pleine ville pourrait être issu de l’imaginaire de Miyazaki. Et comment ne pas penser à A toute épreuve de John Woo lors du gunfight avec un bébé dans les bras ?
Aussi à l’aise avec des films de commande (Blade 2, Hellboy) que des œuvres plus personnelles (L’échine du diable, Le labyrinthe de Pan), Guillermo Del Toro confirme, si besoin était, qu’il est un grand cinéaste, un visionnaire qui sait rendre crédible les univers les plus fous, et surtout un passionné qui respecte ses personnages, et donc le spectateur. Les histoires d’amour entre Hellboy et Liz Sherman d’une part, et entre Abe Sapien et la princesse Nuala d’autre part, sont émouvantes car crédibles. Le réalisateur ne considère pas ses personnages comme des monstres mais comme des êtres sensibles, imparfaits et surement plus humains que les gens qu’ils s’efforcent de défendre et qui les jugent sur leur apparence physique. Le passage de la Fiancée de Frankenstein sur une télévision dans l’appartement de Hellboy n’est d’ailleurs pas innocent.
Hellboy apparait comme un être immature, incontrôlable et impulsif. Lorsque la mort (l’une des plus belles représentations de la Mort que l’on ait vu depuis longtemps) demande à Liz de choisir entre la vie de son amour et le destin de la Terre, elle choisit de sauver celui qu’elle aime. Abe Sapien n’hésite pas à donner le pouvoir à son ennemi par amour pour la princesse. Si les membres du BPRD sont des héros, ils sont aussi et avant tout des êtres vivants doués d’émotions et pas aussi irréprochables que cela, ce qui les rend d’autant plus crédibles.
Autre élément fort du film, le personnage du méchant qui, comme le disait Hitchcock, conditionne la réussite d’un film. Prince déchu, héros tragique d’un peuple qui s’éteint, meurtrier de son père et lié à jamais au sort de sa sœur jumelle, le prince Nuada est à la mesure du film, crédible, impressionnant dans ses combats, sans pitié pour la race humaine qu’il méprise et qui meurtrit une nature chère aux elfes.
Enfin, les combats de Hellboy 2 sont remarquablement chorégraphiés et plongent le spectateur au sein d’affrontements titanesques dignes des mangas les plus fous. Hellboy 2 est un spectacle de tous les instants, sans aucun temps mort, tour à tour épique, émouvant, comique, haut en couleur et totalement maitrisé.
Le fait que Peter Jackson ait choisit de confier à Guillermo Del Toro la prequel de sa trilogie du Seigneur des Anneaux est une excellente nouvelle et la preuve qu’il a su reconnaitre en lui un réalisateur passionné, respectueux et doté d’un talent fou.
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