dimanche 19 octobre 2008

Tropa de Elite

Se situant à mi chemin entre la Cité de Dieu (dont le scénariste à participé à l’élaboration de ce film) et The Shield, Tropa de Elite suit le quotidien des policiers du BOPE, une section spéciale de la police militaire brésilienne intervenant dans la lutte anti drogue au cœur des favelas.
L’histoire, racontée en voix off par le capitaine Nascimento, se concentre sur la volonté de celui-ci de quitter sa fonction pour se consacrer à sa femme et son fils nouveau né. Pour cela, il doit auparavant sélectionner et former celui qui le remplacera. Deux candidats sortent du lot, Neto et Matias. L’un a tendance à intellectualiser, et peut être idéaliser un peu sa fonction, l’autre fonce tête baissée et réfléchit ensuite. Les deux ont comme point commun de ne pas être corrompus comme la majorité de leurs collègues policiers. Bien entendu, rien ne se passera comme prévu et le choix du capitaine Nascimento se trouvera précipité par des évènements tragiques.
Tropa de Elite est un film qui a suscité une certaine polémique lors de sa sortie, certains journalistes accusant son réalisateur José Padilha de tendance fasciste pour montrer sous un angle trop favorable ces troupes d’élites. Force est de constater à la vision du film qu’il n’en est rien.
Certes, le tournage caméra à l’épaule, les éclairages soignés, la bande son rap, la maitrise des scènes d’action font de Tropa de Elite un film prenant, formellement réussi. Mais est-il nécessaire d’être ennuyeux ou de filmer des images pourries pour dénoncer les personnages ou les actions que l’on montre ? De la formation des jeunes recrues aux descentes dans les favelas, des rites d’initiation aux séances de tortures, rien dans ce que nous montre José Padilha ne peut être taxé de sympathie pour cette police aux méthodes aussi dures que les meurtriers qu’elle traque.
La BOPE constitue la réponse extrême à une criminalité de plus en plus dure et organisée, et à la corruption généralisée des services de police brésiliens. Le réalisateur n’excuse en aucune manière leurs pratiques extrémistes, mais les resitue dans leur contexte.
On peut en effet regretter que certains personnages gravitant autour des policiers de la BOPE (trafiquants, étudiants, membres d’ONG) ne soient pas suffisamment développés et manque un peu d’épaisseur. De même, la première demi heure du film parait assez confuse et l’on a du mal à identifier chaque protagoniste et à comprendre les trafics et combines montées par chacun.
Cette exposition étant faite, Tropa de Elite prend toute sa mesure de tragédie et le film conduit chacun des principaux protagonistes vers sa destinée forcement douloureuse. Une mort violente pour certain, le désagrégement de la cellule familiale, la perte des illusions et la spirale de la violence pour d’autres. José Padilha n’épargne personne, des narco trafiquants qui contrôlent les favelas et ont le pouvoir de vie ou de mort sur ses habitants, aux policiers aux chemises noires qui renvoient directement aux milices des dictatures sud américaines de sinistre mémoire, en passant par ces étudiants fils et filles de riches qui prennent la pose en s’insurgeant contre l’ordre établi et la police, en s’investissant dans des ONG locales tout en s’encanaillant avec les dealers de drogues, en sniffant de la cocaïne ou en fumant des joints.
Certains d’entres eux en paieront le prix élevé et c’est surement pour ces personnages que le réalisateur a le moins de compassion. On le comprend.

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