Le cinéma de genre anglais confirme sa bonne santé en produisant régulièrement des films coup de poing, sans concession et souvent brillants. Eden Lake n’est pas aussi réussi que The Descent dont l’affiche du film se réclame, mais il est d’une noirceur qui ne laisse pas indifférent.
Jenny, interprété par la charmante Kelly Reilly, est une maitresse d’école que son fiancé emmène en week end sur les bords d’un lac. Ils rencontrent une bande d’adolescents bruyants et sans gêne qui, de fil en aiguille, va se montrer de plus en plus agressif, jusqu’au drame.
Eden Lake oppose d’emblée le jeune couple de cadre moyen comme ils se définissent eux même, qui roule en 4x4, possède un GPS et rêve d’un petit chalet dans la campagne, aux autochtones rustres, vraisemblablement pauvres, brutaux, et aux physiques peu engageants. La comparaison aurait pu s’avérer délicate et réductrice si le film avait pris la voie du drame sociale, mais il n’en est rien.
Après une première partie de mise en place un peu longue, Eden Lake suit très vite la trace de Délivrance et des Chiens de paille sur la voie de la chasse à l’homme en pleine forêt et de la victime qui se retourne contre ses agresseurs. Malheureusement la comparaison s’arrête là, car le film est loin de ses prestigieux modèles.
Malgré la très bonne interprétation de Kelly Reilly, le personnage de Jenny trahit cependant un certain manque de cohérence dans ses actes, notamment lorsqu’elle décide de se cacher dans une poubelle nauséabonde (la sortie de la poubelle n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’une des scènes de The Descent) ou qu’elle assiste au martyrs de son fiancé plutôt que de s’éloigner pour appeler de l’aide sur son portable. De plus, le rythme du film est souvent coupé par des retours en ville qui, s’ils peuvent apporter quelques éléments d’explications sur les familles et l’environnement des enfants, perturbent cependant le sentiment d’oppression ressenti au sein de la forêt.
Le thème de la délinquance juvénile, voire de la violence la plus extrême chez les groupes d’enfants ou d’adolescents, est un sujet souvent abordé dans le cinéma anglais. D’Orange Mécanique à This is England, du phénomène du hooliganisme aux skins head, la violence chez les jeunes semble être un problème sociétal très présent en Angleterre. Eden Lake aborde les faits de manière brutale, en apportant quelques éléments d’explication (l’influence d’un chef sur une bande de gamins, l’environnement familiale de ces enfants), mais sans proposer vraiment une réflexion poussée sur ce thème.
L’intérêt du film n’est pas dans l’approche psychologique des personnages, mais bien dans leur comportement extrême. D’une scène de torture éprouvante à un final d’une noirceur totale, Eden Lake est un film qui marque. Malgré quelques invraisemblances scénaristiques, la réussite du film tient surtout dans l’interprétation des personnages, Kelly Reilly et la bande de gamins en tête.
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