Une journaliste et un caméraman qui suivent une équipe de pompiers appelés pour une urgence. Un immeuble sous quarantaine, un groupe de personnes coincées à l’intérieur, confrontés à l’horreur. Il n’en faut pas plus à Paco Plaza et Jaume Balaguero, deux jeunes réalisateurs espagnols prometteurs, pour décliner un film d’horreur efficace et éprouvant.
L’originalité de Rec tient bien sur dans la manière dont nous sont présentés les évènements, vus au travers de la caméra des journalistes. Ce procédé qui a fait ses preuves depuis Cannibal Holocaust, le Projet Blair Witch et plus récemment Cloverfield, permet au spectateur une immersion totale puisque toutes les scènes sont vécues aux cotés des principaux protagonistes. Nous sommes à la fois voyeur et, particulièrement dans Rec où la caméra joue un rôle actif (surtout dans le noir), acteur de la tragédie qui se déroule sous nos yeux.
Rec se rapproche d’ailleurs plus de Cannibal Holocaust que du Projet Blair Witch dans sa thématique et le rôle qu’y tient la caméra / spectateur puisque ces films nous invitent à réfléchir sur le rôle des médias dans les images chocs qui nous sont transmises.
Dans Cannibal Holocaust, les pseudos documentaristes n’hésitent pas à provoquer des drames (l’incendie d’un village) pour pouvoir les filmer et les mettre en scène.
Dans Rec, le caméraman et la journaliste privilégient les images qu’ils enregistrent à l’aide qu’ils pourraient apporter aux victimes ou à leur propre sécurité, du moins au début.
De part leurs choix artistiques (absence de musique, longs plans séquences, bande son travaillée, caméra à l’épaule), les réalisateurs de Rec réussissent à nous plonger avec les locataires de l’immeuble dans une atmosphère qui se fait de plus en plus oppressante et terrorisante au fur et à mesure que la contagion se propage. Ce qu’éprouve alors le spectateur est comparable au ressenti du joueur immergé dans le monde cauchemardesque de Doom 3. Le danger est présent partout, il n’y a pas d’issue.
En choisissant de s’intéresser à leurs personnages et de développer chaque personnalité plutôt que d’en faire d’anonymes victimes, Paco Plaza et Jaume Balaguero mettent en lumière les mesquineries de chaque locataire et apportent à leur histoire une dimension humaine intéressante. Chaque protagoniste, sympathique ou non, existe à part entière et l’aboutissement du film n’en sera que plus douloureux. Pas question par contre d’expliquer entièrement au spectateur ce qui se déroule sous ses yeux. Nous aurons droit à des pistes qui vont de la possession démoniaque à un virus, chacun est libre de se faire sa propre opinion.
Mais l’intérêt de Rec n’est pas là. C’est un film dense et nerveux, qui développe sur une heure vingt un cauchemar qui s’installe progressivement pour culminer en des scènes réellement traumatisantes. Notons au passage que le fait de faire figurer dans le teaser puis la bande annonce du film la scène finale n’est pas franchement une bonne idée.
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