dimanche 18 mai 2008

Deux jours à tuer

Encore un film qui repose sur une fausse bonne idée et dont la conclusion change complètement une situation de départ prometteuse.
Antoine, interprété par l’imprévisible Albert Dupontel, a tout pour être heureux. De beaux enfants, une femme qui l’aime, des amis, un travail et de l’argent. Subitement, il décide de tout envoyer balader et de ne plus jouer ce qu’il considère comme un jeu de dupes. Fini de s’extasier devant les dessins d’anniversaire de ses enfants, de passer outre les défauts de ses amis ou le caractère de sa belle mère, d’être amoureux de sa femme après tant d’années de mariage. A partir de maintenant, il dit ses quatre vérités à tous ceux qui l’entourent, son chien mis à part.
Tout le monde en prend pour son grade, et les masques de cette petite bourgeoisie parisienne que n’aurait pas renié Bunuel tombent les uns après les autres. Antoine se retrouve seul et libre de toute contrainte sociale. L’intrigue du film consistera alors à découvrir les raisons de ce brusque revirement de personnalité.
Et c’est là que commence une autre histoire qui se terminera sur une note complètement différente du postulat de départ, pourtant passionnant. Car en adoptant ce comportement dont nous avons tous rêvé un jour, ne serait ce que le temps d’un repas de famille ou d’une soirée entre amis, Antoine brise toutes les règles de vie sociale. Peut on constamment dire ce que l’on pense ? Et à quel prix ? Et surtout, comment peut on ensuite vivre parmi ses semblables ? Ce sont ces questions que le film effleure dans sa première partie jubilatoire, notamment lors d’une scène mémorable de repas qui tourne au drame.
En acquérant sa liberté et en s’affranchissant de toute convention, Antoine devient un monstre qui blesse (psychologiquement) sa femme, ses enfants, ceux qui l’aiment. Est-ce le prix de la liberté ? Jean Becker n’explore malheureusement pas cette voie et conduit son film vers une direction plus convenue et morale.
Court et concis, la fin du film ne tombe cependant pas dans le piège du pathos lourd et insistant. Il en reste un film en demi teinte, réussi pour ceux qui se sont sentis dérangés par la première partie, frustrant pour les autres.

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