lundi 8 avril 2024

Pas de vagues

Comme le personnage d’une chanson de Jean-Jacques Goldman, Julien aimerait changer la vie de ses élèves, ou du moins leur laisser un souvenir impérissable, celui du professeur de collège dont on reparle des dizaines d’années après avec reconnaissance et un brin de nostalgie dans la voix. 

Comme tant d’autres professeurs, Julien passe ses journées entre une falaise et un précipice. Le mur administratif et le bloc de ses collègues dont la bienveillance de principe ne supporte que mal leur remise en cause, et le numéro de funambule qu’il exécute chaque jour devant une classe qu’il tient à bout de bras comme une charge de nitroglycérine qui ne demande qu’un choc pour exploser. 

Ce choc, ce sera une expression mal interprétée, un traitement de faveur maladroit, un enchainement de quiproquos et de rumeurs aussi explosifs qu’une trainée de poudre. Alors commence une lente mais inexorable descente aux enfers que rien ni personne ne pourra enrailler. 

Des cours de récréations aux classes en passant par la salle des profs, la caméra de Teddy Lussi-Modeste suit ses acteurs au plus près et dresse le portrait sans concession d’une machine administrative et d’un corporatisme dont la nocivité passive n’a rien à envier à la brutalité d’élèves à la dérive. 

Si l’on peut reprocher au film un parti pris trop centré sur le professeur alors que le point de vue de Leslie n’est que trop tardivement explicité, Pas de vague se regarde comme un thriller passionnant dont la montée en tension s’accompagne d’une photographie glaçante de la solitude des professeurs confrontés à des situations qui les dépassent.

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