dimanche 13 août 2023

Barbie

Tout commence en 1959 et la commercialisation par Mattel de l’une des premières poupées adultes, cheveux blonds et corps stéréotypé, tellement symbolique d’une certaine conception de la féminité de l’époque qu’elle devient peu à peu l’image même de la standardisation du corps des femmes pensé par des hommes. 

Icône et modèle pour des millions de petites filles pendant des générations entières, cible de prédilection pour les féministes du monde entier, Barbie ne pouvait, de part son passif, que faire son entrée dans le monde de la Pop Culture. Cela commence en 1997 par la chanson Barbie Girl du groupe scandinave Aqua, puis par l’incursion remarquée de la célèbre poupée et de son copain Ken dans l’univers de Toy Story en 2010. 

Le projet de Greta Gerwig n’a donc rien de complètement novateur, si ce n’est de mettre Barbie au cœur même d’une aventure qui lui est dédiée et, dans une approche méta, de la confronter à ses propres créateurs et plus généralement au monde réel où elle n’est sensée exister que sous la forme d’une poupée de plastique. 

Qualifié tour à tour de pamphlet féministe ou de publicité à peine déguisée pour la firme Mattel, le film de la réalisatrice de Lady Bird échappe à ces stéréotypes et tente tant bien que mal d’exister pour ce qu’il est, une déclaration d’amour sincère bien que parfois maladroite à la célèbre poupée et une comédie décalée qui oscille constamment entre humour irrévérencieux et discours finalement bien sage sur la place des femmes et une certaine conception de leur émancipation. 

Le film démarre plutôt bien par une incursion dans le monde de Barbie et Ken régi par ses propres règles, celles d’un univers rose bonbon rythmé par des soirées girly et des chorégraphies sur fond pastel. Jusqu’à ce qu’un grain de sable ne vienne perturber ce bel ensemble et incite Barbie à quitter son confort illusoire pour se confronter au monde réel. 

Gentiment corrosif jusqu’à sa confrontation avec le staff de chez Mattel et ponctué de gags vraiment réussis (la découverte du patriarcat par Ken, la découverte par Barbie de l’image qu’elle renvoie aux hommes), l’histoire bascule alors dans une seconde partie interminable et plutôt convenue jusqu’à un final qui laisse songeur sur la conception de la féminité par celle qui incarnait autrefois l’image même de la femme pour les petites filles du monde occidental (en gros avoir ou ne pas avoir de vagin). 

Surfant sur un discours féministe d’une simplicité qui frôle la caricature (les hommes et les femmes intervertissent leurs rôles et prennent ainsi conscience de la place de l’autre), Barbie manque de peu le brulot punk et girl power qu’il aurait pu, qu’il aurait dû être, et on ne peut qu’imaginer avec un brin de nostalgie le film qu’en aurait tiré un John Waters période Pink Flamingos.

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