S’il ne révolutionne pas le genre et n’arrive pas à renouveler l’impact émotionnel de la très nihiliste et éprouvante Tour de Guillaume Nicloux, Vermines se pose en honnête représentant du genre, soucieux d’offrir un spectacle sincère et foncièrement efficace.
Alors que dans le film de Guillaume Nicloux les habitants d’un immeuble de banlieue confrontés à une menace extérieure cherchent à s’organiser pour survivre dans leur tour, c’est sur un principe inverse que s’organise le long métrage de Sébastien Vaniček. Face à un ennemi de l’intérieur, les protagonistes de Vermines n’auront de cesse d’essayer de fuir leur immeuble, et métaphoriquement leur condition sociale incarnée par la cité, pour échapper à une invasion d’araignées très vénères.
Une fois passé l’immersion dans une communauté exubérante au vocabulaire fleuri où les invectives sont la base de tout dialogue (le personnage principal, Kaleb incarné à l’écran par Théo Christine, ne semble pas savoir s’exprimer autrement qu’en criant), on commence à s’attacher aux personnages et donc au sort qui leur sera réservé.
S’ensuit alors un jeu de massacre et d’infiltration où de vilaines bestioles de plus en plus imposantes et agressives investissent les recoins d’un immeuble qui tombe en ruine et traquent ses habitants considérés comme une menace potentielle. Étonnement avare en effets gores, Vermines adopte le point de vue de ses protagonistes, les habitants d’une cité qui coexistent, se supportent ou s’entraident dans un mélange des cultures et une précarité sociale jamais éludés.
Malgré un personnage central un peu caricatural dans sa propension à n’exprimer sa relation aux autres qu’au travers d’une colère permanente, Vermines emprunte les chemins balisés du film d’invasion de vilaines bébêtes en le transposant dans une cité de banlieue avec sincérité et réussite et en évitant de justesse un sous texte social trop appuyé. Sébastien Vaniček est à coup sur un réalisateur à suivre de prés.