mardi 28 novembre 2023

Napoléon

Derrière chaque grand homme se cache une femme. C’est sans aucun doute cette maxime qu’avait en tête Ridley Scott quand il filma son Napoléon en amoureux transi d’une Joséphine de Beauharnais qu’il épousera et répudiera tout aussi soudainement au nom de l’intérêt supérieur, celui de la France et surtout de sa légende. 

Car c’est bien un homme enivré de son propre destin que nous décrit le réalisateur des Duellistes, tour à tour visionnaire dans sa volonté grandiloquente d’unir les pays d’Europe sous une même bannière, la sienne, d’une froideur inhumaine quand il fait tirer au canon sur la foule parisienne, tacticien hors pair quand il tient tête aux anglais, aux russes et aux prussiens sur les champs de bataille et faible et geignard devant les femmes qu’il ne peut soumettre, sa mère et sa première épouse. 

Étonnamment centré sur les relations maritales de l’empereur et son rapport ambigu de domination-soumission avec Joséphine, le film de Ridley Scott fait l’impasse sur bon nombre d’évènements majeurs malgré une durée raisonnable de plus de deux heures trente. Ainsi, la retraite de Russie pourtant fondatrice dans le déclin militaire et politique de Bonaparte est elle passée sous silence et la plupart des batailles, pour impressionnantes et maitrisées qu’elles soient, ne laissent qu’entre-apercevoir l’horreur et l’ampleur des massacres perpétués. 

Si l’ont est loin de la maitrise narrative du Dernier Duel, Napoléon n’en reste pas moins un formidable concentré d’histoire qui nous replonge dés les premières minutes au cœur de la Terreur et des heures les plus noires de la Révolution française, sur le terreau de laquelle un officier corse ambitieux allait habilement manœuvrer pour accéder au pouvoir absolu. 

La volonté du réalisateur de démystifier celui qui envoya plus de trois millions de soldats à la mort pour servir sa soif de pouvoir est louable, mais on ne peut que rêver en imaginant une version plus longue dont le montage servirait l’ambition du projet et dont la démesure serait à la hauteur de son sujet.

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