mardi 7 novembre 2023

Le garçon et le héron

Alors que la guerre gronde aux portes du Japon, Mahito assiste impuissant à la disparition de sa mère dans l’incendie de l’hôpital où elle travaille. Lorsque son père décide d’épouser la sœur cadette de sa défunte femme, Mahito quitte Tokyo pour s’installer avec lui dans un vaste manoir occupé par sa tante et une ribambelle de vieilles domestiques. La rencontre avec un drôle de héron cendré va bouleverser le cours de sa jeune existence. 
Le deuil, l’esprit des morts, l’environnement, la guerre, tous les thèmes chers à Hayao Miyazaki sont présents dans Le garçon et le héron qui en devient une sorte de pot-pourri de l’univers du réalisateur. Mais si le dernier (à tous les sens du terme ?) opus de l’un des maitres incontestés de l’animation condense à lui seul une richesse thématique jusqu’alors inégalée, cela suffit il à en faire une œuvre majeure ? Pas sûr. 
Car si la qualité de l’animation des studios Ghibli nourrit un récit initiatique traversé de moments de bravoure et de poésie, Le garçon et le héron n’en demeure pas moins très long dans le déroulé de son histoire et d’une opacité parfois déconcertante. 
Même s’il pioche dans l’incroyable iconographie de l’univers Miyazaki, le film n’arrive jamais à renouer avec la sauvagerie animiste de Princesse Mononoke, la poésie et la tendresse de Mon voisin Totoro ou encore l’incroyable melting-pot thématique de ce qui reste encore à ce jour son chef d’œuvre, Le voyage de Chihiro. 
Alors que l’empreinte de Lewis Caroll et notamment du périple d’Alice au Pays des Merveilles devient de plus en plus évidente au fil de ses réalisations, Hayao Miyazaki inscrit Le garçon et le héron dans la continuité de son œuvre (la guerre dont on devine les prémices dans Le vent se lève est ici bien présente) mais semble frappé par le même syndrome que David Lynch, celui d’un réalisateur incontesté à la filmographie ponctuée d’œuvres majeures et qui, une fois atteint leur point d’orgue (Le voyage de Chihiro / Mulholland Drive sortis tous les deux en 2001) se perdent dans les méandres de leurs propres univers au risque de laisser un bonne partie de leurs spectateurs au bord du chemin.

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