Michael Mann fait partie de ces cinéastes, avec Ridley Scott et quelques autres, pour lequel l’esthétique du film prend parfois le pas sur le fond, sans pour autant dénaturer le propos du réalisateur. Quelque fois cela fonctionne, d’autres fois c’est plus hasardeux. Hacker ne fait clairement pas partie des réussites majeures d’un réalisateur qui aligne pourtant d’impressionnants faits d’arme tout au long de sa filmographie.
La faute en incombe principalement à un scénario qui frôle souvent l’indigence, que ce soit dans la succession de rebondissements censés faire avancer l’histoire ou dans des dialogues parfois proches de la caricature. C’est dommage car le sujet, celui de cette nouvelle forme de terrorisme qu’est le piratage informatique, est passionnant et aurait pu donner lieu à un film tendu comme Michael Mann sait si bien le faire. Mais le réalisateur semble effrayé par son sujet qu’il se contente d’illustrer par quelques séquences de propagation du virus informatique, pour ensuite tomber dans le pur film d’action avec filatures et fusillades.
Contrairement à ce qu’il avait réalisé avec Révélations en 1999, à savoir un film tendu et captivant de bout en bout sans pour autant se cacher derrière de grosses séquences d’action, il recule ici devant son sujet qui traite d’une menace par essence invisible, même si les conséquences sont, elles spectaculaires. Il s’en suit donc un thriller assez classique centré sur le personnage de Chris Hemsworth qui, non content d’être un hacker hors pair, se trouve aussi maitriser le tir et le combat à main nu comme un vrai pro. Un héros monolithique aux failles cousues de fil blanc auquel on a bien du mal à s’attacher, contrairement à la belle de service qui tombe dans ses bras musclés au bout de quelques minutes de film.
Alors oui, Michael Mann maitrise à la perfection les scènes de fusillades urbaines qui sont toujours aussi impressionnantes, il filme comme personne les villes de nuit et garde un sens aigu de l’action. Mais ce formalisme ne suffit pas à faire un bon film, loin de là. Il a oublié son scénario et la caractérisation de ses personnages principaux en route (les personnages secondaires sont beaucoup plus attachants que les héros). C’est dommage de la part de l’un des plus importants réalisateurs américains de son époque.
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