jeudi 6 novembre 2014

Fury

Dans la sous-catégorie des films de guerre, ceux qui axent leur histoire autour de l’équipage d’un tank ne sont pas légion. Jusqu’à présent, la référence en la matière était sans conteste l’époustouflante Bête de Guerre réalisé par Kevin Reynolds en 2002. Désormais, il faudra aussi compter avec le Fury de David Ayer. 
L’histoire se déroule en Allemagne. La fin de la guerre est proche, les derniers combats n’en sont que plus sauvages. Fury suit le parcours de Don 'Wardaddy' Collier et de son équipe, bientôt rejoint par le jeune et inexpérimenté Norman Ellison. C’est à travers son personnage que nous serons confrontés une fois de plus aux horreurs de la guerre, mais aussi à une certaine fraternité qui prend corps au sein de cette bande de frères d’armes confinés dans les entrailles d’un tank Sherman. 
Car c’est bien autour de cette machine de guerre que vont se nouer les liens qui unissent ces hommes entre eux, emmenés par un chef hors du commun auquel Brad Pitt prête, une fois de plus, une présence incroyable. Innocence sacrifiée, virilité guerrière, sacrifice, peur et courage, rien ne manque à la parfaite panoplie du film de guerre. Fury pourrait se dérouler au sein d’un hélicoptère pendant la guerre du Viet Nam, les enjeux seraient les mêmes. Pourtant, malgré quelques poncifs et passages convenus, force est de constater que le film fonctionne. 
Grâce tout d’abord à un excellent casting, parfaitement adapté aux personnages de gueules cassées qui peuplent le film. Même s’il est plus familier des thrillers urbains, David Ayer a maintes fois prouvé qu’il savait parfaitement filmer les scènes d’action, et là encore le film en regorge. D’un impressionnant duel de chars entre trois machines américaines et un tank allemand à la prise d’une ville en ruine en passant par l’affrontement final, Fury nous offre de multiples moments de bravoure parfaitement maitrisés. Et il faut entendre Michael Peña raconter la terrible histoire des chevaux pour bien saisir l’atmosphère viciée qui entoure le film. 
Comme à son habitude, David Ayer filme la violence dans ce qu’elle a de plus crue, n’hésitant pas à multiplier les plans gores pour nous faire ressentir l’horreur des affrontements. Les têtes éclatent sous l’impact des balles, les jambes sont tranchées par des rafales de mitrailleuses, et les prisonniers sont le plus souvent sommairement abattus par des soldats totalement dénués de repères moraux. Heureusement, le réalisateur ne sombre ni dans le manichéisme ni dans la noirceur totale par une dernière lueur d’espoir. 
Il n’en reste pas moins que Fury porte bien son nom. C’est un film violent à l’atmosphère lourde, un film où les giclées de sang se mêlent à la boue et aux cris des mourants. David Ayer réussit à nous mettre devant l’atrocité de la guerre, ce qu’elle produit de plus noble et de plus horrible, ce mélange improbable de cruauté et de grandeur d’âme qui fait de l’Homme ce qu’il est.

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