jeudi 9 octobre 2014

Horns

Une ville de province, une douce jeune fille que tout le monde adore, un meurtre sordide, son amant qui remonte la trace du tueur et qui découvre que sa bien-aimée n’était peut-être pas celle qu’il pensait connaitre, à moins que… Ce pourrait être le pitch de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, le pétard mouillé du romancier Joël Dicker. Sauf que non, c’est celui du nouveau film d’Alexandre Aja qui adapte pour l’occasion une nouvelle de Joe Hill (fils de) et qui produit la même frustration que celle ressentie en tournant les pages de L'affaire Harry Quebert. 
Non pas que Horns soit dépourvu de qualité, bien au contraire. Le casting est parfait, la photographie soignée, la réalisation très correcte. Alors quoi ? Le scénario opte pour un mélange des genres assez osé et force est de constater que la sauce ne prend pas. 
L’histoire commence comme un thriller, se poursuit par une comédie noire pour se conclure par un peu n’importe quoi. La partie centrale du film est certainement la plus réussie. Maniant avec délectation un humour parfois potache mais toujours corrosif, pour ne pas dire subversif, Alexandre Aja dresse en quelques plans bien sentis le portrait d’une Amérique refoulant ses instincts les plus primaires. Grace au nouveau pouvoir que lui confèrent ses cornes, Ignatius provoque une série de réactions en chaine, permettant à chacun de libérer ses pulsions les plus inavouables. D’une mère de famille coincée qui avoue avoir envie de cogner sa fille au duo de policiers homosexuels refoulés en passant par le médecin junky, toutes les strates de la société y passent. La famille, la religion, la police, personne n’est épargné à tel point que l’on se croirait dans un film de John Waters. Le réalisateur retrouve l’esprit de Piranha 3D pour le meilleur, mais pas suffisamment longtemps malheureusement. 
Après une enquête pour le moins surréaliste, il semble ne plus savoir comment conclure et se noie dans une imagerie religieuse embarrassante que l’on retrouve (tiens donc) dans les derniers romans de Stephen King. Passant du franchement ridicule (Ignatius et ses ailes d’ange) à la pâle copie (Ignatius en ersatz du Darkness de Legend), sombrant sans vergogne dans la mièvrerie (Merrin et son secret) en totale rupture de ton avec ce qui précède, Alexandre Aja rate le coche. A vouloir toucher à tout, il n’aboutit finalement à pas grand-chose. 
C’est d’autant plus dommage que Horns portait les germes d’une comédie noire et grinçante bien sentie. Il eut fallu pour cela se détacher d’un scénario trop grand public et oser aller au bout du concept, comme ce fut le cas pour le réjouissant Piranha 3D. Vivement le prochain remake, c’est encore ce qu’Aja sait faire de mieux.

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