Il aura fallu presque dix ans pour que Robert Rodriguez et Franck Miller se décident à donner une suite à leur premier opus qui, en son temps, révolutionna l’adaptation d’une bande dessinée à l’écran.
Pendant ces dix ans, le réalisateur mexicain aura tourné quelques films et pas mal de publicités, fidèle à son univers mais sans jamais trop se forcer non plus. Quant au génie que reste Franck Miller, il continue tranquillement sa chute avec comme point d’orgue une Terreur Sainte de bien triste mémoire. Les retrouvailles de ces deux talents qui ont depuis quelques années tendance à se reposer sur leurs lauriers pouvaient donc laisser présager le pire. A la vision de ce nouvel opus de la ville des péchés, force est de constater que nous ne sommes qu’à moitié rassurés.
Visuellement, le film reste dans le même univers que le premier Sin City, rehaussé par une 3D comme d’habitude hautement dispensable. Ceux qui avaient détestés le style dix ans avant resteront sur leurs positions. Les autres retrouveront avec joie un univers agressif et jubilatoire, véritable écrin pour les cases d’un Franck Miller tout à fait à son aise dans ce microcosme urbain violent et anxiogène.
Porté par un casting de haut vol mêlant anciens (Jessica Alba, Bruce Willis, Mickey Rourke et d’autres reprennent vaillamment du service) et nouveaux venus, parmi lesquels Eva Green et Ray Liotta mangent littéralement l’écran à chacune de leurs apparitions. Le vrai problème ne se situe donc pas dans la forme mais bien sur le fond. Car les images, aussi belles soient telles, illustrent un scénario anémique croisant trois histoires manquant vraiment d’épaisseur.
Le personnage d’Ava, caricature de la femme fatale des films noirs des années cinquante, est tellement prévisible qu’elle frôle la caricature. Et si c’est toujours un plaisir de voir Eva Green dans le plus simple appareil, là pour le coup c’est presque trop. Le secret de Johnny, inattendu et franchement malsain, est expédié en quelques plans. Enfin, la vengeance de Nancy est tellement téléphonée qu’elle en devient presque ennuyeuse. C’est d’autant plus dommage qu’avec une palette d’acteurs telle qu’en aligne Sin City : j’ai tué pour elle, le film avait tout pour s’inscrire dans la lignée vénéneuse de son prédécesseur.
Certes on ne s’ennuie pas et on prend même un vrai plaisir à entrer de nouveau dans la vieille ville, suivre les déambulations mortelles de la petite Miho et les errances meurtrières d’un Marv plus que jamais indestructible. Mais tout cela sent un peu trop le prémâché pour que l’on soit vraiment surpris. Plutôt que de faire des caméos narcissiques, Miller et Rodriguez feraient bien de se remettre sérieusement au travail et de préparer un troisième opus digne de cette franchise au potentiel encore intact.
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