vendredi 9 mai 2014

Sabotage

Loin du second degré et de l’action somme toute assez aseptisée d’Expendables, Sabotage constitue pour Arnold Schwarzenegger son premier film d’action hard boiled depuis son retour aux affaires. Ce qui n’en fait pas pour autant un bon film. David Ayer ayant précédemment œuvré sur des films très recommandables, il revient ici à ce qu’il connait le mieux, c’est-à-dire l’intrigue policière tordue et le film de commando d’élite (il a été scénariste sur SWAT). On pouvait dès lors imaginer que Sabotage marquerait le vrai retour de Schwarzenegger sur le devant de la scène, comme ce fut le cas pour Stallone avec le très réussi John Rambo. Hélas il n’en est rien. Non pas que le film soit dénué de qualités certaines, loin de là. Il s’offre déjà une distribution solide autour de l’inoxydable Arnold, dont l’interprétation se résume à trois expressions, le meilleur personnage revenant à un Sam Worthington méconnaissable en agent d’élite de la DEA. L’équipe de John "Breacher" Wharton est donc constituée de vraies gueules complétement raccord avec leurs interprètes. 
Peu avare en scènes d’action, le réalisateur a le mérite de les filmer de manière claire et frontale. Le film verse d’ailleurs régulièrement dans le gore quand les têtes éclatent sous l’impact des balles, que les tripes des victimes pendent du plafond ou que le sang gicle sur les murs. Sabotage est à ce niveau d’une brutalité assumée, ce qui s’ajoute à une caractérisation des personnages et une absence de morale assez peu commune également. Sans trop en dévoiler, le personnage de leader interprété par Schwarzenegger porte la responsabilité de tout ce qui arrive à son équipe, et c’est peu dire que le poids en est lourd à porter. 
D’une noirceur totale jusque dans son dénouement final, Sabotage fait endosser à Schwarzenegger un rôle au final peu reluisant. Tout cela aurait pu suffire à en faire un film diablement intéressant. Hélas, c’est sans compter deux handicaps de poids qui tirent irrémédiablement le film vers le bas. 
Le premier est le scénario, alambiqué et tortueux au point que l’on a du mal à suivre les multiples dénouements de l’histoire. Plus qu’une intrigue complexe, on a l’impression de voir passer des bribes d’histoires que les scénaristes auraient eues du mal à coller entre elles. 
Le deuxième problème vient des dialogues, tour à tour ridicules (la palme revient au personnage du détective Caroline Brentwood interprété par Olivia Willams particulièrement bien servie en répliques qui tuent) au caricatural (les échanges entre John "Breacher" Wharton et son équipe testostéronée).
C’est d’autant plus dommage que le film assume sa violence mais pas sa noirceur, et devient de ce fait un film d’action basique se caricaturant lui-même avant de perdre en route bon nombre de spectateurs.

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