samedi 10 novembre 2012

Sinister


Pour faire un plat réussi, il faut de bons ingrédients et un bon cuisinier. Les ingrédients de base d’un film de terreur, Sinister les a. Sans révolutionner le genre, le scénario comporte suffisamment d’éléments originaux pour construire une histoire glaçante, voire franchement terrifiante. Le problème c’est qu’aux manettes du film, Scott Derrickson déroule le manuel du réalisateur appliqué sans la moindre inspiration. Pourtant le film possède un beau potentiel, et s’ouvre sur une première scène dérangeante qui laissait présager du meilleur. De même, une fin cruelle et sans concession, des acteurs plutôt convaincants, une histoire qui mêle meurtres en séries et malédiction ancestrale, sont autant d’éléments qui devaient permettre au réalisateur de nous offrir un film au moins aussi effrayant qu’Insidious. Mais à la différence de James Wan, Scott Derrickson prend le parti des effets faciles dignes d’un train fantôme, et cela jusqu’au plan final avec sa silhouette monstrueuse qui jaillit de l’écran pour faire sursauter le spectateur. Le problème, c’est qu’après deux heures d’effets aussi prévisibles, on ne s’attend pas à autre chose.
Plutôt que de jouer sur la suggestion et de faire confiance à l’imagination des spectateurs, le réalisateur choisit de trop en montrer et trop tôt. L’effet le plus raté est surement l’apparition des enfants disparus, dont le maquillage est grossier, et les apparitions tellement chorégraphiées qu’elles en perdent tout effet traumatisant. L’apothéose est atteinte avec la scène finale durant laquelle la petite fille rejoint les autres enfants, tellement appuyée que ça en devient gênant.
Là où les grands réalisateurs ont depuis longtemps compris que moins on en montre et plus l’effet est réussi, Scott Derrickson applique l’exact contraire. Empruntant le personnage du père écrivain hanté par ce qu’il écrit à Shinning, la malédiction qui suit la famille à Insidious, Sinister n’est pourtant pas complètement raté. Les images des meurtres tournées en super 8 que nous découvrons en même temps que l’écrivain sont glaçantes, le pitch même du film est intéressant et les personnages principaux sont assez bien écrits. La déception devant le traitement d’un tel matériau n’en est que plus forte. On peut toujours se consoler en considérant que l’on a échappé au found footage et à la 3D...
Sinister n’est certes pas la nouvelle bombe du cinéma de terreur, et on ne peut que rêver du film qu’aurait réalisé un James Wan avec un tel scénario.

Aucun commentaire: