Zack Snyder délaisse pour un temps les remakes et adaptations de comics pour mettre se pencher sur un scénario original. Celui de Sucker Punch met en scène une jeune fille qui, à la suite de la mort de sa mère et de sa jeune sœur, se voit interner par son beau père dans un asile psychiatrique. Le seul moyen pour retrouver sa liberté est de s’enfuir dans un monde fantasmé en compagnie de quatre autres détenues. Baby Doll, Sweet Pea, Blondie, Rocket et Amber vont alors traverser toute une série d’épreuves pour rassembler les cinq éléments qui doivent leur ouvrir les portes de leur prison. Une prison aussi bien matérielle que mentale. Mais la liberté a un prix.
Zack Snyder a prouvé tout au long de sa filmographie qu’il était un réalisateur capable de matérialiser comme personne des univers esthétiquement prodigieux. Sucker Punch ne fait pas exception à la règle.
Au confluent d’influences aussi diverses que le manga, le jeu vidéo, l’héroïc fantasy ou le film de guerre, le réalisateur fait de chaque missions du commando de filles un tableau d’une puissance incroyable.
La première confrontation de Baby Doll avec ses ennemis met en scène la jeune fille en tenue d’écolière, jupette et couettes comprises, armée d’un katana et d’un pistolet. Aux prises avec des guerriers japonais géants, elle représente un condensé de l’imagerie manga à elle seule.
Les missions suivantes verront les filles combattre des soldats allemands revenus d’entre les morts dans des tableaux qui semblent sortis d’une bande dessinée d’un Tardi à mi chemin entre ses travaux sur la première guerre mondiale et l’univers déjanté d’Adèle Blanc Sec. Ou bien un dragon et une armée d’orques que n’aurait pas reniés le Peter Jackson du Seigneur des Anneaux.
Quand aux missions en elles même, qui débutent par le brief d’un mystérieux vieil homme omniprésent et se concluent par la confrontation avec un boss, elles obéissent en tous points aux règles des jeux vidéos.
Zack Snyder assure donc le spectacle comme il sait si bien le faire, en s’appuyant sur une grosse bande son et des ralentis artistiques que certains pourront trouver agaçants. Mais à l’image de 300, le film souffre aussi d’un manque d’humanité qui nous empêche de nous attacher aux personnages. Baby Doll et ses copines sont plus des icones que de vrais femmes, tout comme l’étaient Leonidas et ses spartiates. A force de styliser chaque séquence à l’extrême, le réalisateur oublie qu’une histoire tient surtout par ses personnages et l’empathie qu’ils suscitent auprès des spectateurs.
Alors oui, le spectacle est parfait, chaque combat est un morceau de bravoure, mais l’ensemble reste froid et déshumanisé. C’est d’autant plus dommage que Zack Snyder sait raconter une histoire.
Preuve en est cet incroyable prologue aux allures de clip durant lequel, sans une seule ligne de dialogue, il met en scène la tragédie qui va conduire Baby Doll en enfer. Le tout est parfaitement lisible, le réalisateur raconte une histoire sans que ses personnages aient besoin de prononcer un seul mot.
Cette humanité, il avait réussi à l’insuffler dans cet incroyable remake de Zombie qu’est l’Armée des morts, sans parler de l’adaptation réussie et pourtant casse gueule des Watchmens. Telle une Salomé, Baby Doll danse pour ensorceler les hommes et emmener le spectateur dans un monde magique à chaque fois différent, promesse d’un spectacle puissant et généreux, bien que parfois trop envahissant et démonstratif. Le problème c’est qu’entre deux missions, il ne se passe par grand-chose.
Sucker Punch est une belle machine à laquelle il manque une âme pour emporter totalement l’adhésion des spectateurs. On se contentera donc de cette claque visuelle tout de même jouissive en attendant de voir ce que le réalisateur fera du prochain Superman.
1 commentaire:
Visuellement impressionnant ! C'est sûr ! mais j'avoue, qu'il y a un manque de quelque chose pour en faire un très très bon film. Certaines scènes ou moments clé de l'histoire sont décidément trop prévisible.
Bon un très, très bon moment passé quand même, mais je suis un peu resté sur ma faim !
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