Le titre du film ainsi que le matériau d’origine, le roman de Jim Thompson, laissaient présager une descente vertigineuse dans la tête d’un tueur psychopathe. Le pari est à moitié tenu pour ce film qui oscille entre polar et portrait d’un tueur en série en puissance.
Casey Affleck, froid et lisse comme un glaçon, incarne Lou, l’adjoint du shérif d’une petite ville du Texas. Marqué par un passé déjà chargé et une enfance perturbée, Lou voit se réveiller les démons qui sommeillent en lui lorsqu’il rencontre Joyce, une prostituée aussi charmante que manipulatrice.
Tous les ingrédients du film noir sont présents : manipulation, femme fatale, ambiance si caractéristique du Texas où les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Difficile alors de ne pas être frustré par un scénario bancal qui empêche le film d’atteindre le statu de chef d’œuvre.
Car de l’interprétation impressionnante de Casey Affleck aux multiples seconds rôles tous plus intéressants les uns que les autres en passant par une réalisation qui capte à la perfection la lenteur du quotidien texan, tout concourait à faire du film un croisement idéal entre l’immersion dans la tête d’un tueur sans pitié et le polar pur et dur. Les meurtres perpétrés par Lou sont en effet d’une violence et d’une sécheresse dérangeantes et les relations sado masochistes qu’il entretient avec les femmes de sa vie, sa fiancée et sa maitresse, sont suffisamment intéressantes pour étayer le portrait de ce jeune homme bien sous tous les rapports qui cache en fait un monstre de froideur ne distinguant pas le bien du mal. Il est d’autant plus dommage que le scénario nous laisse sur notre faim.
Le passé de Lou d’abord, que l’on devine coupable d’un acte violent dont la responsabilité fut endossée par son frère, n’est montré que sous forme de flash back insuffisamment explicites.
(Attention, spoiler) Les raccourcis se succèdent jusqu’à la réapparition de Joyce qui lui dit n’avoir rien avoué alors qu’elle est accompagné par les forces de l’ordre venues arrêter son prétendu meurtrier. Alors que la première confrontation entre Lou et Joyce plaçait l’histoire sous le signe d’une relation basée sur le sexe et la violence, violence initialement instaurée par Joyce qui frappe Lou en premier, cette dernière n’apparait plus que comme une poupée qui se laisse casser sans opposer la moindre résistance.
Jessica Alba, encore une fois intéressante dans sa première scène, ne nous sera plus montrée que sous la forme de flash back un peu mièvres où elle sourit aux anges. C’est dommage car elle représente le véritable déclencheur de la folie sanguinaire qui parcourt le film, et il aurait été intéressant de pousser plus loin ses relations d’amour et de violence avec Lou.
(Attention, spoiler) Le personnage de Kate Hudson qui interprète Amy, la fiancée de Lou, est en ce sens beaucoup plus intéressant et sa mort est d’ailleurs psychologiquement plus violente que celle de Joyce.
The killer inside me est donc un bon film, un très bon film même, mais malheureusement assez éloigné du chef d’œuvre annoncé par la critique. La faute n’en incombe ni aux interprètes, tous au diapason de cette atmosphère que n’auraient pas reniés les frères Cohen, ni au réalisateur qui a su capter avec intelligence l’essentiel de cette histoire vénéneuse.
Dommage que le scénariste (trop impressionné par l’œuvre de Thompson ?) n’ait pas su en tirer une histoire qui transcende son sujet d’origine.
On peut toujours rêver d’une version longue qui rendrait justice au chef d’œuvre noir qu’aurait dû être The killer inside me.
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