Christopher Nolan continue son exploration des tréfonds de l’âme humaine et nous confirme avec Inception qu’il est un réalisateur hors pair. Mêlant avec une rare intelligence des moyens (de plus en plus) énormes et des histoires aussi tordues que cohérentes, il privilégie une fois encore l’histoire aux effets spéciaux pourtant spectaculaires dans ce film. Grace lui soit rendu de ne pas avoir tourné en 3D soit dit en passant !
Inception tourne autour du concept du voyage dans le subconscient par le biais de rêves partagés. Une équipe menée par Dom Cobb est spécialisée dans le vol de secrets enfouis au plus profond des gens, dans leur esprit. Une nouvelle mission aux enjeux multiples leur fera faire le contraire : implanter, plutôt que voler, une idée dans la tête de l’héritier d’un empire industriel. Bien entendu, tout ne se déroulera pas comme prévu.
Inception est dans la droite ligne des précédents films de Christopher Nolan.
Il emprunte à Memento et au Prestige une narration déstructurée et pourtant d’une lecture relativement aisée pour le spectateur, preuve d’une parfaite maitrise d’écriture et de réalisation.
Mais le personnage principal incarné par un Leonardo DiCaprio plus impressionnant de film en film a aussi des points commun avec Bruce Wayne / Batman. Comme lui, il est hanté par un remord qui le ronge et qui se matérialise, non pas au travers de super vilains (encore que…), mais par le personnage de son ex femme tragiquement morte.
Marion Cotillard, plus femme fatale que jamais, incarne cet amour perdu qui va se révéler être pour Dom Cobb l’un de ses pires ennemis dans le monde des rêves. Elle est entourée par une distribution absolument parfaite qui contribue grandement à la réussite du film. Impossible d’en remarquer un plutôt qu’un autre, ils sont tous excellents et incarnent parfaitement des personnages que l’on croirait avoir été écrit pour eux.
Inception est donc clairement un film sous influence. Comment ne pas penser à Dark City et ses villes qui se transforment selon le bon vouloir de ceux qui en sont à l’origine ? Une séquence de fusillade à ski renvoie à l’une des scènes de l’Espion qui m’aimait, mais il est surtout difficile de ne pas avoir constamment à l’esprit l’univers de Matrix.
Les thèmes abordés et des scènes entières semblent en découler, comme cette bagarre en apesanteur entre Arthur et l’un des tueurs qui fait clairement penser à l’empoignade dans les couloirs du métro entre Neo et l’agent Smith. Les hommes de main qui affrontent l’équipe de Dom Cobb et tente de les stopper par tous les moyens sont aussi des références directes à l’agent Smith et ses clones.
Quand à l’un des sujets principaux, l’alternance et le mélange entre le monde réel et celui des rêves, il suffit de remplacer ces derniers par la Matrice et l’on retrouve le thème principal de Matrix.
Ceci étant, Inception possède suffisamment de qualités propres pour ne pas avoir à rougir de ces comparaisons. Et mis à part une dernière partie peut être un peu longue mais incroyablement maitrisée en termes de découpage et de tension, l’ensemble du film est d’une rare cohérence, porté par le score de Hans Zimmer qui n’est pas sans rappeler celui du Dark Knight. L’immersion dans le monde des rêves permet au réalisateur de nous offrir les scènes les plus folles, alternant film d’espionnage et film de casse en passant par la science fiction et la romance. Car le moteur principal de l’histoire, outre la mission que doivent mener à bien l’équipe de spécialistes, c’est bien cet amour perdu qui mine le personnage de Dom Cobb et le fait constamment osciller entre raison et folie, entre rêve et réalité.
Le final du film est d’ailleurs un model de fin ouverte. Alors que toute l’explication tient à un objet des plus banals (une toupie) qui doit répondre ou non aux lois de l’apesanteur (s’arrêtera-t-elle de tourner ?), Christopher Nolan coupe brusquement la scène, laissant le spectateur seul avec son interprétation, libre de choisir sa propre fin. Ce respect de l’histoire et cette interaction avec le public est la marque d’un grand réalisateur.
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