L’annonce de la fermeture de la branche animation de Disney ne laissait pas présager l’arrivée d’un nouveau dessin animé. Le fait que la princesse en question soit noire n’est pas un évènement en soi, Disney ayant déjà mis en scène des personnages chinois (Mulan), indiens (Yasmine) ou peaux rouges (Pocahontas). La nouveauté, ce serait plutôt le retour à une animation classique sans 3D ni image de synthèse. C’est un retour salvateur au savoir faire qui a fait le succès du studio.
La Princesse et la grenouille est un film d’une facture classique mettant en scène une courageuse jeune fille pauvre qui verra son rêve s’exaucer à force de courage et de volonté, et un jeune prince arrogant qui s’humanisera au contact de la belle, en traversant toute une série d’épreuves initiatiques. Pas grand-chose de neuf donc du coté du scénario, si ce n’est que l’histoire se déroule à la Nouvelle Orléans et que la musique, et le jazz en particulier, y a une place prépondérante. Et c’est là que commence les problèmes.
La Princesse et la grenouille se veut être dans la lignée des films Disney « musicaux ». Les chansons sont très fréquentes et l’histoire même est bâtie autour de la musique. Le mètre étalon en la matière est Le livre de la jungle, suivi de prés par Les Aristochats, Fantasia étant un cas un peu à part (le sujet même du film est la musique et son illustration par des images).
Dans Le livre de la jungle par exemple, la bande son est absolument irréprochable, d’une qualité telle que la musique caractérise les personnages autant que leur apparence. Dans la version française de La Princesse et la grenouille, la musique et les chansons penchent davantage du coté de la variété insipide que du jazz. La fréquence des scènes chantées devient alors presque pénible. C’est d’autant plus navrant que le sujet et l’atmosphère du film se prêtaient merveilleusement à une bande originale jazzy qui aurait pu, aurait du être exceptionnelle.
Ceci étant, l’animation est une fois encore impeccable et le personnage de Tiana, sous forme humaine ou de grenouille, est attachant. On ne peut pas en dire autant de nombre de personnages secondaires comme la sorcière des marais par exemple qui agace plus qu’elle n’amuse.
La Princesse et la grenouille diffère cependant des autres productions Disney par deux choses. Premièrement, son approche plus directe de la mort. On n’avait pas vu cela depuis Bambi, et la mort d’un personnage important, si elle est traitée sobrement et de façon poétique, est toutefois abordée sans ambigüité.
Deuxièmement, l’argent qui est ici un thème récurrent. Que ce soit le manque d’argent qui oblige les pauvres à se tuer au travail, le rêve d’argent pour accéder à son rêve ou l’abondance qui coupe du monde réel et au final pourrit, l’argent est le moteur principal qui fait avancer les personnages. En ces temps de crises financières mondiales et de l’accession d’Obama au pouvoir, La Princesse et la grenouille constitue assurément un dessin animé en prise avec son époque.
Au final, La Princesse et la grenouille n’est qu’une demi-réussite. On aurait aimé retrouver la folie d’Aladin, la profondeur de Mulan ou la musique du Livre de la jungle. On assiste juste à un spectacle correct, impeccable dans la forme mais qui manque cruellement de matière. Le niveau de qualité auquel nous a habitué le studio Pixar n’est pas atteint, attendons le prochain.
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