Ryan Bingham voit la vie de haut. Perpétuellement en voyage entre deux aéroports, il travaille pour une société qui licencie les gens pour le compte des patrons qui ne veulent pas se mouiller.
Il refuse toute attache dans sa vie professionnelle comme dans le peu de vie privée qu’il lui reste. Peu de lien avec sa famille, pas d’empathie avec les gens qu’il licencie, des aventures sentimentales sans lendemain, il est libre.
C’est du moins sa vision des choses, jusqu’à sa rencontre avec deux femmes qui vont l’obliger à revoir son point de vue. L’une d’elle aurait pu être une aventure sans suite dans une chambre d’hôtel, l’autre est une jeune collègue qu’il doit confronter à la dure réalité du terrain.
Le personnage de Ryan Bingham n’est pas à priori le type même de l’homme attachant, et il faut tout le charme de Georges Clooney pour qu’on le suive pendant presque deux heures. Deux heures durant lesquelles il va changer, perdre ses convictions et bien d’autres choses encore.
Car le nouveau film de Jason Reitman n’est pas précisément l’une de ces sempiternelles comédies romantiques qui semblent toutes sorties du même moule. La fin du film laisse un goût amer et c’est ce qui en fait tout l’intérêt. On croyait voir en Ryan Bingham l’incarnation d’une liberté que l’on pense tous avoir plus ou moins perdue, souvent au profit d’autre chose (mariage, enfant, travail,…). Jason Reitman nous propose au contraire le parcours d’un homme que l’on croit solide comme un roc mais qui, au contact des femmes, perd son assurance et se blesse. Il reste alors plus seul que jamais sans ses certitudes pour le protéger.
Et les femmes ont assurément un rôle décisif dans ce film qui prend pour contexte une réalité économique terrible. Alex Goran parait être le pendant masculin de Ryan Bingham mais pour une fois c’est elle qui a compris les règles du jeu et qui en profite. L’homme pense avoir rencontrer l’amour, et ce qui aurait dû finir comme une banale love story s’achève dans un sentiment de vie gâchée difficile à supporter.
In the air est donc une comédie atypique, servie par un trio d’acteurs impeccables aidés par toute une galerie de seconds rôles aussi parfaits. Si le film est un peu répétitif dans sa succession de scènes ponctuées par les escales et les aéroports, il a le mérite de ne pas sombrer dans la facilité. Tour à tour amusant, émouvant et dérangeant, In the air ne prône pas le retour à des valeurs conservatrices (mariage, famille) mais pose des questions qui dérangent quand il faut choisir entre le confort du célibat et la sécurité d’une vie de couple, entre un travail bien rémunéré et ses valeurs morales, entre ses rêves de 20 ans et ceux de 40 ans. Et surtout, le réalisateur n’apporte pas de réponses toutes faites.
Chacun des personnages fait des choix plus ou moins heureux qui ne seront pas sans conséquence sur leur vie future. Libre à nous de nous retrouver dans chacun d’eux.
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