mardi 20 octobre 2009

Mary et Max

Mary et Max est un drôle de film, enfin façon de parler.
Entièrement tourné avec des personnages en pâte à modeler animés en stop motion, le film ne comporte que très peu de dialogues, l’histoire étant racontée en voix off. Les décors sont gris, les thèmes abordés sont graves et le ton est résolument grinçant. Pourtant, on sourit tout au long du film pour peu que l’on soit sensible à cet humour noir et désespéré qui caractérise l’ensemble des personnages.
Mary Dinkle est une fillette australienne de huit ans, pas très jolie, un peu trop enveloppée et solitaire. Alors que rien ne l’y prédisposait, elle correspond pendant plus de vingt ans avec Max Horowitz, un juif new yorkais obèse de quarante quatre ans, atteint du syndrome d'Asperger. Au fil de leur correspondance et du temps qui passe, ces deux solitudes vont apprendre à se connaitre, à s’entre aider, se soutenir mutuellement et finalement à s’aimer.
Loin de toute convention, Mary et Max ose aborder des thèmes aussi sérieux que la maladie, la différence (physique, mentale et sociale), la mort, omniprésente dans le film qui ne compte pas moins de six décès, sans compter les poissons rouges. Mais le réalisateur Adam Elliot le fait de manière tellement respectueuse et décalée qu’il en résulte un film dont on ressort heureux.
Ce qui aurait pu être une tragédie sur les destins croisés de deux individus trop différents de leurs congénères pour se fondre dans la masse devient alors un mélange de comédie grinçante, de réflexion sur le droit à la différence et sur la place que la société réserve à de tels individus, sur la fraternité.
Mary et Max est ainsi traversé par des moments magiques et plein d’émotion. Comme cette scène où Max écrit à Mary qu’il est incapable de verser des larmes. La petite fille se met alors à penser à des choses tristes, recueille ses larmes dans une bouteille et les envoie à son ami afin que celui-ci puisse enfin pleurer. Le film est également un festival de situations plus comiques les unes que les autres. Ainsi, les échanges d’idées reçues entre les deux protagonistes sur la manière dont les enfants viennent au monde. Ou les morts à répétition des poissons rouges de Max.
D’un point de vue de l’animation, des décors ou de la musique, le film est également une réussite totale, chaque élément venant servir de façon harmonieuse le projet final. S’il fallait émettre une réserve, ce serait peut être sur la longueur du film qui aurait certainement gagné à être un peu plus court. Ceci mis à part, Mary et Max reste un monument d’émotion, de drôlerie, et une réflexion sur les relations qui unissent les êtres humains.
Le fait qu’un film draine autant de choses de manière aussi belle et distrayante est suffisamment rare pour que l’on ne boude pas son plaisir.

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