Malik est un jeune délinquant qui, pour une faute qui ne sera jamais clairement explicitée, se retrouve propulsé dans un univers carcéral impitoyable. Têtu, intelligent, il se retrouve mêlé à des évènements qui marqueront sa vie à jamais.
En effet, il tue un homme pour le compte de César Luciani, un parrain corse qui ne voit en lui qu’un larbin et un homme de seconde main. Hanté par cette vie qu’il a prise, Malik décide de prendre son destin en main et de gravir petit à petit les échelons de la hiérarchie criminelle.
Un prophète sort une semaine après Inglorious Basterds, le nouveau film de Quentin Tarantino, et présente contre toute attente d’étranges similitudes avec lui. De par sa forme d’abord puisque les deux films sont chapitrés, pratique courante chez Tarantino. Un prophète se décline en différents épisodes consacrés à des personnages clef croisant le chemin de Malik. Mais c’est dans l’un des thèmes principaux des deux films que se trouve la plus grande similitude. Un prophète comme Inglorious Basterds traitent en effet de la puissance du langage utilisé comme une arme, un instrument de pouvoir. Considéré tour à tour comme un arabe par le clan corse et comme un corse par les musulmans, Malik fait l’apprentissage des langues. Il commence par apprendre à écrire le français, parle l’arabe et par mimétisme et observation acquiert suffisamment de la langue corse pour pouvoir entendre ce qui se dit et communiquer avec ses codétenus. Il se rend compte que c’est la clef du pouvoir que d’être capable de communiquer avec ces clans fermés sur eux même.
Malik apparait alors comme un lien entre les bandes, mais loin de les unir il use de toute son intelligence et d’un sens du stratège hors norme pour les dresser les unes contre les autres. Comme dans Pour une poignée de dollars, il ne restera qu’un homme debout à la fin, et ce sera lui. Jacques Audiard signe avec ce film une histoire aux multiples facettes.
Conte, film de prison, film de gangster, réflexion sur la notion d’identité, Un prophète est tout cela à la fois. Le réalisateur filme ses acteurs au plus près et met en lumière tout une bande de personnages hors du commun, de véritables gueules enfermées dans une prison ou dans un système criminel tout aussi hermétique et sans issu.
A coté de Niels Arestrup, impressionnant en parrain corse tordu et cruel, Tahar Rahim est une véritable révélation. Acteur tour à tour fragile et manipulateur, jeune voyou effrayé ou criminel déterminé, il envahit l’écran à chacune de ses apparitions. Il est rare de voir sur les écrans français une telle présence aussi bien valorisée par un réalisateur. Jacques Audiard nous fait en effet rentrer en prison avec un jeune délinquant paumé et apeuré, nous en ressortons deux heures trente plus tard en compagnie d’un futur parrain du crime. Entre les deux, Malik aura traversé des épreuves qui auraient pu le briser à jamais. A force de détermination et d’intelligence, il retourne les situations à son avantage et en sort grandi.
Un prophète n’est pas un conte moral ni un pur film de divertissement, c’est bien plus que cela. En mêlant différents genres dont il respecte les codes (encore un point commun avec Tarantino), Jacques Audiard réalise un film majeur, intelligent et divertissant, et démontre que le cinéma c’est avant une histoire interprétée par des acteurs. Lorsque les deux sont d’une telle qualité, il n’y a rien à ajouter.
1 commentaire:
J'ai vu il y a peu de temps ce film et je dois dire que je l'ai beaucoup apprécié, il mérite vraiment qu'on s'y attarde, c'est rare de voir un film français d'une telle qualité. L'article résume très bien l'intérêt du film, son thème, bref, à voir !
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