Les frères Cohen reviennent avec ce qu’ils savent faire de mieux, les portraits croisés d’une bande d’idiots mêlant comédie et brusques montées de violence.
Burn after reading est un film d’espionnage (presque) sans espion. Mis à part Osbourne Cox, un membre de la CIA mis au placard qui décide d’écrire ses mémoires, tous les personnages du film sont sans rapport avec le monde de l’espionnage. Et pourtant le film nous emmène dans les méandres de ce monde secret, du siège de la CIA aux sous sols de l’ambassade de Russie, de filatures en assassinats en passant par le chantage et l’extorsion.
Et c’est la grande force de ce film construit autour des faux semblants que de nous entrainer dans la même confusion que celle qui règne entre les différents protagonistes de l’histoire. Harry Pfarrer, un flic coureur de jupon se croit suivi en permanence et devient complètement parano alors que c’est sa femme qui entame une procédure de divorce qui le surveille. Les dirigeants des services secrets américains voient des complots là où il n’y a que magouilles opportunistes de bas étage.
Fidel à leur style reconnaissable entre tous, Joël et Ethan Cohen surprennent le spectateur en parsemant ce qui est avant tout une comédie loufoque d’actes de violence aussi soudains que brutaux (John Malkovich et sa hachette) ou de scènes complètement décalées (Georges Clooney et sa machine…).
Bien que le film soit totalement maitrisé et réalisé de main de maitre, Burn after reading est avant tout un film d’acteurs, un festival de personnages tous plus barrés les uns que les autres interprétés par les comédiens les plus doués du moment.
Georges Clooney et Brad Pitt campent, chacun dans des registres différents, des imbéciles avec une évidente délectation et le talent qu’on leur connait. Frances McDormand retrouve un rôle pas très éloigné de l’ingénue de Fargo, John Malkovich est plus énervé que jamais, Tilda Swinton enfin campe admirablement une bourgeoise rigide et arriviste.
Tout se petit monde se croise, s’entretue, se trompe, se ment pour notre plus grand plaisir.
Burn after reading n’est certes pas le plus grand film des frères Cohen ni une date majeur dans l’histoire du cinéma, c’est simplement un film réussi servi par des interprètes extraordinaires, des personnages haut en couleurs sur lesquels les réalisateurs portent un regard aussi distancié (voir le générique de début et de fin) que respectueux. Et c’est déjà beaucoup.
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