Après le choc de Sixième sens, la réflexion intéressante d’Incassable et quelques errements plus ou moins réussis, M. Night Shyamalan revient avec un film de genre efficace et épuré. Trop peut être, et c’est le principal reproche que l’on pourra lui faire.
Il faut dire que le sujet mériterait une mini série tellement les possibilités d’exploration des thèmes abordés sont vastes. Alors qu’une vague de suicides frappe certaines régions des Etats-Unis, un professeur (très, trop) sobrement joué par Mark Wahlberg s’enfuit avec sa fiancée et la fille de son meilleur ami disparu. L’explication est implacable, les plantes se sentant menacées par l’homme sécrètent une substance qui poussent ceux-ci au suicide.
Commence alors une course poursuite entre le danger omniprésent (les espaces verts n’ont jamais été aussi menaçants !) et une poignée de survivants que nous suivons dans leur fuite.
Phénomènes se rapproche alors aussi bien de la Guerre des Mondes de Spielberg (la séquence de l’ermite) que de Destination Finale où le tueur n’était autre que la Mort elle-même. Ici c’est la Nature qui tue, tout aussi inexorablement que la Grande Faucheuse. Et les hommes entre eux bien sur, entraînés par un instinct de conservation et un égoïsme exacerbé qui les poussent aux dernières extrémités.
Le danger ne vient pourtant pas que des autres puisque les personnes contaminées sont conduites au suicide, ce qui donne lieu à des tableaux d’une incroyable cruauté. Tout est bon pour se donner la mort, tondeuse à gazon, tête qui défonce une vitre, gardien mutilé par des lions, arbre avec des dizaines de pendus, ouvriers qui se jettent dans le vide. Shyamalan ne nous refuse rien et signe un slasher efficace aussi bien qu’une charge écologique d’une force incroyable.
Le final, qui renvoie directement à la contamination de 28 semaines plus tard, donne au film une dimension encore plus tragique après un intermède heureux d’une touchante simplicité avec le couple réconcilié. Cette scène ne nous fait que plus cruellement ressentir les faiblesses de l’interprétation et des dialogues. Des personnages mieux dirigés et plus construits aurait fait de Phénomènes un film d’anticipation majeur.
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