Cette attente est en grande partie suscitée par l’interdiction aux moins de 18 ans, donc de quasi censure, dont il a failli être victime avant un tardif revirement de la commission de censure.
Si cette interdiction scandaleuse n’est en aucun cas justifiée, force est de constater qu’en effet, Martyrs n’est pas à mettre entre toutes les mains. D’une violence physique et psychologiques extrêmes, Martyrs est un film aux multiples facettes dont on ressort en ne sachant que penser.
Le film brasse différents thèmes et touche à plusieurs genres. Films de vengeance, de monstre, de torture, réflexion sur la souffrance, le final n’apporte aucune réponse aux questions sensibles qui sont abordées.
Entre recherche de la vérité et justification indéfendable de l’usage de la torture, on en ressort en se demandant si l’on a assisté à une expérience quasi mystique ou à une tentative fumeuse d’explication de la violence brutale qui nous est montrée, et que l’on devine être celle que ressentait le réalisateur lors de l’écriture du scénario.
Pascal Laugier a cependant le mérite de ne pas tomber dans le piège de la facilité et de la vulgarité, et de ne pas surfer sur la vague des films de tortures actuellement en vogue. En effet, alors que l’on assiste à l’enfermement de jeunes filles violentées, le film ne comporte aucun sévice sexuel. De même, les scènes où Anna est tabassée sont brutales, traumatisantes mais en aucune cas exagérées dans l’étalage gore, dans le contexte du film bien entendu.
A la différence des Saw, la violence que montre le réalisateur n’est pas fun ni exutoire pour le spectateur. A la manière d’Irréversible, elle fait mal et ne suscite que l’aversion.
Martyrs est scindé en deux parties assez distinctes.
Dans la première, nous suivons le parcours de deux filles paumées qui se sont connue à l’orphelinat. L’une d’elle a été séquestrée et torturée. Elle est parvenue à s’enfuir mais elle est depuis poursuivie par une créature que l’on devine être la matérialisation de ses peurs. Croyant reconnaitre ses tortionnaires, elle massacre une famille modèle et appelle son amie à la rescousse.
Commence alors un second film, dont l’ambiance des longs couloirs froids de la prison n’est pas sans rappeler Saint Ange. Lucie passe le relais à Anna et l’histoire se répète. Mais autant la première était une expérience ratée, autant Anna se révèlera être une réussite pour le groupe mystérieux qui poursuit ses monstrueuses recherche dans un seul but, découvrir ce qu’il y a après la mort.
Et c’est face à cette révélation, ou plutôt à cette non réponse que nous laisse pantelant le réalisateur. Tout cela est vain et il faut recommencer le cycle des souffrances. Martyrs peut être interprété comme un film radicalement religieux (les martyrs ont la chance d’accéder au Paradis qui est tellement beau qu’il faut le rejoindre immédiatement), ou au contraire profondément athée (il n’y a rien après la mort, tout cela est vain et ces souffrances n’ont servi à rien).
Rares sont les films à ce point percutants que l’on ne sait pas si on l’aime ou on le déteste, ce que l’on doit en penser et comment l’interpréter. Rien que pour cela, Martyrs devait être vu.
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