Alex de la Iglesia, cinéaste espagnol agité à qui l’on doit des films aussi secoués que Accion Mutante ou plus récemment que le Crime Farpait, signe ici un film, en apparence, plus sage et conventionnel.
En apparence seulement et c’est ce qui nous fait regretter ce que nous aurions pu voir si le réalisateur avait donné libre court à son penchant pour la méchanceté et la monstruosité.
Crimes à Oxford est traversé de ces éclairs dérangeants propres au réalisateur. Que ce soit dans la représentation de la monstruosité physique au travers d’un homme tronc qui s’est lui-même lobotomisé, de personnages dérangés comme l’homme incarné par Dominique Pinon, ou de bouffées de méchanceté lorsque un car entier de trisomiques s’écrase et brûle.
Malheureusement, le film n’est que l’ombre du polar mathématique pervers qu’il aurait pu être et son énergie potentielle ne transparaît vraiment qu’au travers de flash back et de quelques personnages hauts en couleur. Il en reste une intrigue que l’on suit sans déplaisir mais sans réel passion, un rythme trop lent jusqu’à une fin assez savoureuse où le réalisateur s’intéresse davantage au processus qui conduit au meurtre qu’à la nature du meurtrier lui-même.
Pas de fin heureuse donc, puisque le héros incarné par Elijah Wood sacrifiera son aventure amoureuse au profit de son obsession pour le professeur incarné par John Hurt. Lequel, par un retournement de situation psychologique, inversera les rôles entre accusé et juge, démontrant ainsi que toute action ou parole a des répercussions dont on ne mesure pas toujours les conséquences (le fameux battement d’aile du papillon).
Mais ce qui ressort de Crimes à Oxford est aussi et surtout la fabuleuse présence de Leonor Watling. Malgré un rôle assez secondaire, Alex de la Iglesia filme son actrice avec intelligence et en fait ressortir toute la sensualité qui éclate à l’écran. Rien que pour cela, le film mérite amplement le détour.
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