Michel Gondry, bricoleur de génie, signe avec ce film un véritable manifeste pour le cinéma participatif et créatif.
Jack Black et Mos Def incarnent deux copains un peu en marge, l’un est une sorte de geek parano qui aurait toute sa place aux cotés de Fox Mulder, l’autre un garçon simple qui assure comme il le peut le remplacement de son patron et père adoptif au sein d’un vidéo club. Ce magasin un peu désuet qui ne propose que des VHS est la cible de vilains promoteurs immobiliers qui le remplaceraient bien par un immeuble plus présentable.
Lorsque le premier tente de saboter une centrale électrique et qu’il devient électro magnétique, il efface malgré lui toutes les cassettes. Les deux compères décident alors dans l’urgence de refilmer à leur manière et avec les moyens du bord les films loués par les clients. Le succès est tel que très vite la situation prend des proportions de phénomène culturel et contamine tout le quartier.
Be kind rewind est clairement un film générationnel (ceux qui n’ont pas été au cinéma dans les années 80 et 90 risquent de passer à coté de beaucoup de choses), une déclaration d’amour au cinéma et une incitation à se réunir pour partager un projet. Gondry ne se fait pas le chantre des films amateurs diffusés sur U Tube ou autre portail de vidéos que l’on regarde chez soit (souvent seul) devant son écran. Ce qui l’intéresse, ce sont avant tout les gens qui se rencontrent, partagent et créent ensemble.
De même, son film n’est pas comme on pourrait le croire un pamphlet contre les grosses productions américaines dont le budget est inversement proportionnel aux idées. En effet, il « suéde » aussi bien Miss Daisy et son chauffeur (en mettant d’ailleurs l’accent sur le caractère condescendant du film à l’égard des noirs) que Rush Hour 2.
Be kind rewind est un hommage non pas au film mais à ce qu’il en reste une fois que l’on sort de la salle. C’est l’imaginaire suscité par le cinéma qui est au centre de son œuvre, le film que l’on se fait dans sa tête des années après avoir vu l’original au cinéma, et qui est souvent assez éloigné de ce que l’on a effectivement vu. Comme à son habitude, Michel Gondry parvient à combiner inventivité, humour (le remake de Ghostbusters est d’ors et déjà culte), clins d’œil, nostalgie et réflexion. Ses films, qui paraissent fait de brics et de brocs, recèlent des trésors d’humanité.
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