Ce film prouve si besoin était que l’animation française peut sans rougir soutenir la comparaison avec les meilleurs productions américaines, Pixar en tête.
Si son sujet et sa trame n’ont rien d’exceptionnellement original (une petite fille s’entiche de deux prétendus chasseurs de dragons maladroits afin de sauver le royaume de son oncle, ces derniers révéleront aux travers des épreuves des qualités qu’ils ne soupçonnaient pas), c’est le traitement du film qui en fait son originalité et sa valeur.
Chasseurs de dragons est clairement un film sous influences multiples. On pense tout d’abord aux jeux vidéos et aux jeux de plateau d’héroïc fantasy en suivant le parcours de ce groupe hétéroclite formé d’un barbare au grand cœur, d’un maigrelet calculateur, d’une petite fille aussi bavarde qu’attachante et d’une espèce de chien bleu aux oreilles de lapin. Avant la confrontation finale avec le mangeur de mondes, ils devront traverser des mondes aussi différents que dangereux et affronter des dangers multiples. L’originalité et la beauté du monde en apesanteur dans lequel ils évoluent renvoient aussi bien à l’univers des Final Fantasy que du Château dans le ciel de Miyazaki. Enfin, c’est surtout le ton employé qui fait de Chasseurs de dragons un spectacle qui ravira aussi bien les enfants que les adultes.
Le second degré et le refus des conventions sont omniprésents. Une fois son monde sauvé, l’oncle ne se montrera pas reconnaissant mais au contraire aussi dédaigneux que les paysans qui se moquaient de nos héros au début, et peu enclin à chérir sa nièce. Et malgré une traditionnelle fin heureuse, comment ne pas voir un dynamitage des happy end de Disney dans cet univers final peuplé de verdure et de lapins ahuris qui flottent dans le ciel ?
On pourra reprocher au film une lecture parfois malaisée des scènes d’actions un peu brouillonnes, mais Chasseurs de dragons est à la fois un hommage sincère à toutes ses influences, un spectacle efficace et formellement superbe qui parle aux enfants en ne les prenant pas pour des demeurés (notamment lorsque l’un des chasseurs confie à la petite fille sa crainte qu’ils ne meurent tous), et un renouveau salutaire du film d’animation français.
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