samedi 24 mai 2025

Mission : Impossible – The Final Reckoning

Tout ça pour en arriver là. Après presque vingt ans d’une franchise qui a redéfini les codes du blockbuster d’action, Ethan Hunt et son équipe, ou du moins ce qu’il en reste, reviennent pour un baroud d’honneur qui, s’il reprend à la lettre les codes de la saga, en demeure l’un de ses épisodes les plus faibles. 
Pensé comme une rétrospective introspective, The Final Reckoning souffre tout d’abord de l’absence d’un méchant digne de ce nom. Entre une entité informatique qui emprunte à la fois au virus et à l’intelligence artificielle et un cyber terroriste des plus commun, Ethan Hunt semble davantage lutter contre les éléments (la pression des profondeurs ou la gravité) que contre sa propre némésis. 
Trop long, trop bavard, trop sérieux (les rares séquences d’humour tombent à plat), ce huitième opus coche toutes les cases du cahier des charges Mission Impossible (les masques, la paranoïa ambiante, les cascades) sans retrouver le souffle épique des précédents épisodes. 
Déchiré entre l’esprit d’équipe et la solitude de l’élu qui renvoie à plus d’un titre au Néo de Matrix en guerre contre les machines, Ethan porte sur ses épaules le poids d’un monde au bord de l’apocalypse nucléaire et les multiples flash-backs de ses exploits passés sonnent comme l’annonce d’une retraite bien méritée. 
Il n’en demeure pas moins que The Final Reckoning nous réserve encore de belles surprises comme une séquence bien claustrophobique à bord d’un sous-marin échoué ou une tension paranoïaque croissante au sein de l’Etat major des armées américaines. 
Partagé entre la nécessité de boucler la saga, un cahier des charges toujours aussi exigeant dans le spectaculaire et une dimension humaine qui peine à convaincre, Tom Cruise et son alter ego Christopher McQuarrie ont l’intelligence d’arrêter la série avant le film de trop et malgré ses faiblesses, le dernier opus de Mission Impossible referme dignement la porte d’une saga qui aura porté haut et forts les valeurs d’un cinéma populaire exigeant et divertissant.

samedi 10 mai 2025

Destination finale : Bloodlines

La saga Destination Finale a ceci d’original qu’elle met en scène le tueur de slasher ultime, la Mort elle-même. En résultent des mises en situation plus invraisemblables les unes que les autres pour précipiter les malheureux protagonistes dans des morts atroces, avec une prédilection pour les accidents domestiques et routiers. 
Sixième volet de la série, ce Destination Finale Bloddlines (les liens du sang en français, ce qui a son importance dans le déroulé du scénario) pousse tous les curseurs à fond. 
Enchainement d’incidents anodins, fausses pistes et scènes gores parfaitement réussies dans leur volonté d’aller toujours plus loin, mais également scénario cousu de fil blanc, représentation artificielle de la famille américaine et personnages tellement fades que l’on attend avec une impatience à peine cachée leurs décès de toute façon inéluctables. 
Les réalisateurs semblent avoir oublié qu’un bon film d’horreur ne se limite pas à ses débordements sanglants mais passe avant tout par ses protagonistes, d’autant plus quand le grand méchant demeure invisible bien qu’omniprésent. 
Usant et abusant des fausses pistes qui sont depuis toujours la marque de fabrique de la saga (plans fixes et insistants sur un râteau ou un éclat de verre alors que le danger vient d’ailleurs), faisant preuve d’imagination pour mettre en scène des morts toujours plus impressionnantes, Zach Lipovsky et Adam B. Stein se contentent pourtant d’une galerie de personnages fades et interchangeables dont les actes demeurent la plupart du temps incompréhensibles (la mère de Stéfani revient après vingt ans d’absence comme si elle était partie chercher du pain la veille). 
Malgré une montée en tension spectaculaire dans la séquence d’introduction et un véritable soin apporté aux séquences de mises à mort, Destination finale : Bloodlines ne parvient pas à se démarquer des productions horrifiques produites à la chaine par les studios américains et ne constitue certainement pas l’épisode le plus réussi de la saga.

dimanche 4 mai 2025

L’amour c’est surcoté

L’amour c’est surcoté, c’est du moins ce que ne cesse de se répéter Anis, trentenaire en galère avec les filles, coincé entre ses potes, ses parents et un trauma qu’il n’arrive pas à surpasser, la perte de son meilleur ami Isma trois ans auparavant. La rencontre avec Madeleine pourrait bien changer les choses si ces deux-là arrivent à s’apprivoiser. 
En adaptant son propre roman, Mourad Winter débarque dans le paysage bien balisé de la comédie française avec une énergie et un culot qui forcent le respect. 
Entouré d’une troupe de comédiens aussi à l’aise dans l’émotion que dans la déconne, le film déroule des dialogues cultes avec un sens inné des scènes de groupe et réussit à créer cette alchimie rare, entre éclats de rire et larmes d’émotion sans jamais sombrer dans le pathos. 
Le réalisateur prend ce qu’il y a de meilleur chez les stand-upeurs français en évitant la succession de sketches trop téléphonés ou les personnalités castratrices qui ne laissent pas de place aux autres. Inutile de citer les interprètes au risque d’en oublier, ils sont tous parfaits (mention spéciale à Benjamin Tranié, hilarant dans le rôle casse gueule du pote raciste et antisémite) autour du tandem Hakim Jemili-Laura Felpin à fleur de peau. 
On ressort de la salle le sourire aux lèvres et la larme à l’œil, trop content de rejouer les dialogues du film avec ses potes. Tout est dit.