Tout ça pour en arriver là. Après
presque vingt ans d’une franchise qui a redéfini les codes du blockbuster d’action,
Ethan Hunt et son équipe, ou du moins ce qu’il en reste, reviennent pour un
baroud d’honneur qui, s’il reprend à la lettre les codes de la saga, en demeure
l’un de ses épisodes les plus faibles.
Pensé comme une rétrospective
introspective, The Final Reckoning souffre tout d’abord de l’absence d’un
méchant digne de ce nom. Entre une entité informatique qui emprunte à la fois
au virus et à l’intelligence artificielle et un cyber terroriste des plus
commun, Ethan Hunt semble davantage lutter contre les éléments (la pression des
profondeurs ou la gravité) que contre sa propre némésis.
Trop long, trop
bavard, trop sérieux (les rares séquences d’humour tombent à plat), ce huitième
opus coche toutes les cases du cahier des charges Mission Impossible (les
masques, la paranoïa ambiante, les cascades) sans retrouver le souffle épique
des précédents épisodes.
Déchiré entre l’esprit d’équipe et la solitude de l’élu
qui renvoie à plus d’un titre au Néo de Matrix en guerre contre les machines, Ethan
porte sur ses épaules le poids d’un monde au bord de l’apocalypse nucléaire et les
multiples flash-backs de ses exploits passés sonnent comme l’annonce d’une
retraite bien méritée.
Il n’en demeure pas moins que The Final Reckoning nous
réserve encore de belles surprises comme une séquence bien claustrophobique à bord
d’un sous-marin échoué ou une tension paranoïaque croissante au sein de l’Etat
major des armées américaines.
Partagé entre la nécessité de boucler la saga, un
cahier des charges toujours aussi exigeant dans le spectaculaire et une
dimension humaine qui peine à convaincre, Tom Cruise et son alter ego Christopher
McQuarrie ont l’intelligence d’arrêter la série avant le film de trop et malgré
ses faiblesses, le dernier opus de Mission Impossible referme dignement la
porte d’une saga qui aura porté haut et forts les valeurs d’un cinéma populaire
exigeant et divertissant.