Après un remake en demi-teinte du
mythique Evil Dead de Sam Raimi en 2013, Fede Alvarez s’attaque à un autre
monument du cinéma d’horreur avec un résultat similaire pour des raisons toutes
aussi identiques.
Idéalement situé entre Alien de Ridley Scott et Aliens de
James Cameron, cet Alien Romulus suit l’exploration d’un vaisseau spatial à la
dérive par un groupe de jeunes adultes prisonniers de leur condition d’ouvriers
et promus à une mort certaine au fond des mines à l’atmosphère viciée des colonies
terriennes. Bien entendu le vaisseau en question n’est pas à proprement parlé
désert et faute de caissons pour quitter leur planète nos jeunes pionniers vont
tomber sur une forme de vie plutôt agressive.
Alors que la version d’Evil Dead
de Fede Alvarez oscillait entre idées originales et hommage servile à son
modèle original tout en souffrant d’un manque de caractérisation des
personnages principaux, on pourrait reprocher exactement les mêmes travers à ce
nouvel Alien. Dés les premières images deux évidences s’imposent
rapidement : des choix esthétiques méticuleux pour reproduire une
atmosphère poussiéreuse et déliquescente, que ce soit sur la planète minière ou
à l’intérieur des vaisseaux, et l’écriture plus qu’approximative des
personnages qui frôlent tous la caricature.
Si le garçon antipathique fait des
efforts louables pour paraitre détestable puis rapidement insupportable, avec
le pathos qui va de pair, il est systématiquement contrebalancé par le bon
apôtre bien sous tous les rapports et accessoirement petit ami non déclaré de
l’héroïne. Pour le reste, entre la sœur enceinte et la pilote à l’allure
masculine, on reste dans les seconds rôles obligés qui disparaitront plus ou
moins rapidement au fil d’un jeu de massacre couru d’avance.
Pour son opus
fondateur, Ridley Scott jouait la carte du château hanté et misait tout sur un
alien unique pratiquement invisible pendant la plus grande partie du film. Avec
sa suite testostéronée, James Cameron poussait les curseurs à fond en balançant
des centaines de monstres face à une escouade de militaires hargneux et armés
jusqu’aux dents. Coincé entre ses deux modèles, Fede Alavarez choisit la demi-mesure :
une dizaine de créatures, quelques fusillades tardives et un face à face final
avec un hybride inspiré du final d’Alien, la résurrection de notre Jean Pierre
Jeunet national.
Bien qu’il maitrise sa mise en scène et propose son lot de
bonnes idées (les flux d’acide en apesanteur), le réalisateur oscille
constamment entre hommage contrit qui sombre de le fan service servile et vain
dans sa deuxième partie et volonté évidente d’y apposer sa propre patte.
Moins
cryptique que Prometheus et Alien Covenant, mais dénué de la touche personnelle
et des univers propres aux réalisateurs d’Alien 3 et Alien, la résurrection, ce
nouvel opus, loin d’être honteux, n’arrive pourtant que rarement à s’affranchir
de ses glorieux modèles. Peut être est il temps de laisser tomber les suites-reboot-remakes
et de créer de nouveaux mythes ?
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