Pour accompagner la sortie du double programme Grindhouse (Boulevard de la Mort et Planète Terreur) de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez en 2007, une poignée de réalisateurs se prêtent à l’exercice des fausses bandes annonces dont fait partie Thanksgiving, exercice tellement réjouissant que deux d’entre elles, Machete de Robert Rodriguez et Hobo with a Shotgun de Jason Eisener, seront développées en longs métrages foutraques, excessifs, violents, déjantés et donc forcément sympathiques.
De cette expérience Eli Roth n’a conservé que le gore qui, s’il représente un ingrédient indispensable à l’esprit frondeur de ces films d’exploitations, n'en reste pas pour autant suffisant à produire un bon film.
A partir d’un concept déjà vu mille fois, le réalisateur déroule un récit convenu, on devine l’identité du tueur par élimination dés le dernier tiers du film, où déambulent des personnages tellement caricaturaux, convenus et antipathiques que l’on guette avec une impatience un peu coupable leur élimination prochaine.
Et c’est bien là l’intérêt principal du film, une généreuse inventivité dans la mise à mort de protagonistes qui semblent attendre leur tour tout au long d’une enquête qui piétine (et pour cause…), et une abondance d’effets gore qui viennent à peine masquer la paresse de la réalisation.
S’il ne marquera pas les annales du slasher déjà bien pourvu en nanars de toutes sortes, Thanksgiving se laisse regarder d’un œil distrait, sauvé du néant par une scène d’ouverture bien méchante où le délire consumériste vient supplanter la cruauté du tueur en devenir.
Divertissant dans ses excès et son mauvais goût assumé mais paresseux dans son écriture et la caractérisation de ses personnages, Thanksgiving n’aura jamais autant tenu ses promesses que sous forme de bande annonce Grindhouse.