Visiblement très inspiré par le milieu de l’aéronautique après Boite noire, Yann Gozlan se frotte cette fois ci au thriller paranoïaque sous influence. Et des influences, Visions en regorge. On pense bien sûr au Paul Verhoeven de Basic Instinct dont le thème principal composé par Jerry Goldsmith se retrouve par petites touches dans la bande originale du film de Yann Gozlan. On pourrait citer en vrac les décors branchés des deux films (la maison d’Estelle et celle de Catherine Tramell, les scènes en boites de nuit), l’érotisme trouble et le saphisme, la manipulation et le jeu de faux semblants. Difficile également de passer à coté des séquences de voyeurisme chères à Brian de Palma et de ne pas évoquer l’héritage d’Hitchcock qui va avec.
Mais outre ces inspirations, Visions n’en garde pas moins une personnalité propre grâce à un scénario retors dont le dernier plan n’a pas fini de susciter les théories les plus folles, une mise en scène à l’esthétisme travaillé et une interprétation maitrisée malgré une distribution des rôles plutôt convenue. La blonde Diane Kruger en control freak à la beauté froide, la brune et hispanique Marta Nieto en élément perturbateur gentiment subversif et Mathieu Kassovitz en mari aimant et protecteur.
Si le réalisateur parsème son film de petits cailloux blancs pour nous guider dans son scénario labyrinthique (les méduses comme symbole de culpabilité par exemple) et lorgne parfois du coté du fantastique sans nous asséner de réponse toute faite, Visions se cantonne dans une zone de confort sans risque en filmant des scènes érotiques trop sages pour l’enjeu du film.
Là où Basic Instinct nous invitait à nous brûler les ailes, Visions se contente de nous émoustiller sans jamais mettre ses protagonistes en danger. C’est d’autant plus dommage que le film est maitrisé, peut être trop d’ailleurs, et qu’il nous trotte dans la tête longtemps après le générique de fin. Encore un peu de folie et nous tiendrons là un excellent thriller.
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