Visuellement, Spiderman : across the
Spider-verse est une bombe. Un déferlement de trouvailles visuelles et d’expérimentations
plus osées les unes que les autres sans pour autant perdre de vue le principal,
garder le spectateur au cœur de l’action.
Poursuites endiablées dans les airs,
passage de l’animation traditionnelle aux prises de vue réelles, mise en abime tridimensionnelle,
les réalisateurs Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson ne se
refusent rien, passant d’un univers Légo à une animation vintage sans pour
autant laisser son public en route.
C’est donc les yeux écarquillés et la
bouche ouverte que l’on suit les pérégrinations de Miles Morales et Gwen Stacy
devenue Spider-Gwen dans la réalité alternative désignée comme la Terre-65. Et
c’est là où commencent les difficultés pour les malheureux spectateurs restés
bloqués à l’époque de Peter Parker. Car le multiverse proposé par le film
ferait presque passer les mondes parallèles de Everything Everywhere All at
Once pour un paisible chemin de randonnée. Mieux vaut donc être à jour dans sa
connaissance des dernières évolutions du tisseur si l’on veut profiter
pleinement d’un film qui prend le risque de laisser quelques spectateurs sur le
bord du chemin.
Exigeant dans le fil conducteur de son histoire, Spiderman :
across the Spider-verse n’en reste pas moins l’une des meilleures
représentations de l’univers super héroïque tous supports confondus. Que ce
soit dans les rapports ambigus d’amour-amitiés qu’entretiennent Miles Morales
et Gwen Stacy, les relations souvent compliquées entre les parents et leurs
adolescents menant une double vie, le film n’a de cesse de pointer l’isolement
et la solitude de ces héros masqués incapables de partager leur secret avec les
êtres qu’ils chérissent le plus (et quand cela arrive la révélation tourne au
fiasco dramatique – Gwen Stacy et son père, ou comique - Miles Morales et sa
mère).
Ponctués de personnages forts, les parents de Miles sont plus vrais que
nature, de scènes de bravoure tellement nombreuses qu’on ne les compte plus, Spiderman
: across the Spider-verse arrive à capter comme rarement l’essence même du
personnage caractérisé par un mélange de légèreté dans son comportement et de
gravité dans les thèmes abordés.
Volontiers parodique quand il se moque
gentiment d’un Peter Marker enfin adulte et père de famille, épique lors de la
chasse à l’homme menée par les multiples versions du tisseur, touchant dans sa
capacité à incarner l’amour filiale et les difficultés à grandir, Spiderman :
across the Spider-verse est assurément un film majeur que l’on ne pourra pleinement
juger qu’après sa seconde partie annoncée par un cliffhanger un peu abrupt.