samedi 4 février 2023

Knock at the Cabin

Huit clos étouffant, sous texte quasi mystique et choix impossible sur fond d’apocalypse mondiale, le nouveau film de M. Night Shyamalan brasse des thèmes multiples et interroge sur l’intime confronté à l’universel en mettant dans la balance la vie d’une famille et celle de l’humanité toute entière. 
On pense souvent au sous-estimé Phénomènes devant ces catastrophes inexpliquées et mortelles, mais aussi à Take Shelter et sa fin du monde inexorable vécue à l’échelle d’une famille. Pourtant, si le postulat de départ est une fois encore franchement enthousiasmant (un couple et son enfant sommés de sacrifier l’un des leurs pour éviter l’anéantissement de toute la population mondiale), Knock at the Cabin ne parvient jamais à se hisser au niveau du chef d’œuvre de Jeff Nichols. 
Contrairement aux visions cauchemardesques et au comportement obsessionnel du personnage incarné par Michael Shannon dans Take Shelter, les prémices de la catastrophe ne nous parviennent ici qu’à travers des flashs télévisuels distanciés qui ne suscitent que peu d’empathie. 
Malin, efficace et pertinent dans sa volonté de questionner nos convictions et ce que nous sommes prêts à sacrifier pour sauver un être aimé ou des milliards d’inconnus, Knock at the Cabin aurait gagné à nous faire ressentir l’effroi de la situation plutôt que de l’étirer en dialogues trop démonstratifs. Il n’en reste pas moins un thriller horrifique original et tendu parsemé de scènes mémorables (le tsunami, les avions), jusqu’à un final décevant au regard des enjeux du film. 
M. Night Shyamalan, à l’instar de Jordan Peele, n’a pas son pareil pour poser des pitch passionnants sur la table, parfois trop ambitieux pour les mener à terme. C’est sa force, sa marque de fabrique mais aussi sa limite.


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