Bordélique, généreux, inventif,
sensible, irrévérencieux, inclassable, le nouveau film des Daniels est tout
cela et plus encore.
Difficile voire impossible de résumer ce long voyage à
travers des univers parallèles tant le film fourmille d’idées de mises en scène
et prend des dizaines de directions différentes, expérimentant des modes de
narration et des genres divers tout en gardant sa ligne narrative, celle d’une
mère de famille débordée qui va expérimenter les vies qu’elle aurait pu mener
au travers d’un multivers où évoluent autant de versions d’elle-même que de choix
de vie.
Car au-delà de la prouesse visuelle, l’essence même d’Everything
Everywhere All At Once demeure l’exploration de cette question lancinante, que
serait il arrivé si j’avais pris une autre décision, suivi un chemin différent ?
Entre une vie ratée et un destin exceptionnel la différence se résume parfois à
une question de choix, mais qu’importe ce choix puisqu’en toute existence il
demeure ces instants précieux qui font qu’une vie vaut la peine d’être vécue.
Everything Everywhere All At Once a les défauts de sa
folie et se perd parfois dans des circonvolutions qui auraient mérité d’être raccourcies,
mais quel plaisir que ce voyage à travers l’essence même du cinéma quand le
fond et la forme se nourrissent mutuellement et que l’infiniment grand (le Big
Bang) côtoie l’infiniment petit (la cellule familiale) pour ne former qu’un et transformer
la violence en un geste d’amour.
Quel plaisir aussi de retrouver l’immense Michelle
Yeoh, le rescapé Ke Huy Quan invisible depuis Indiana Jones et le temple maudit
et les Goonies, et de se souvenir qu’en dehors du personnage tristement caricatural
qu’est devenu Laurie Strode, Jamie Lee Curtis est toujours une grande actrice.
Everything
Everywhere All At Once aurait pu se limiter à un film expérimental ou une
débauche d’effets spéciaux, ce serait sans compter la sincérité du propos et l’immense
générosité de cet objet filmique non identifié, parfois maladroit et incongru,
mais tellement attachant.
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