C’est sur ce postulat que débute le nouveau long métrage de Gabriele Mainetti avec une fascinante séquence d’ouverture qui, premier tour de force d’un film qui n’en manque pas, condense en quelques minutes toutes thématiques de l’histoire : la magie et les monstres, la figure fédératrice d’Israël, les relations en devenir entre Cencio et Matilde, le pouvoir potentiellement mortel de cette dernière et enfin la brusque réalité de la guerre.
Il est des films, rares et d’autant plus précieux, qui arrivent à synthétiser en une alchimie fragile tout ce qui fait l’essence même du cinéma populaire (on pourrait aussi parler de cinéma de genre), Freaks Out fait partie de ces élus.
Généreux et spectaculaire, inventif et intelligent, profondément sincère dans son approche des genres abordés, le film déborde de morceaux de bravoures et cite tellement de références qu’il faudrait plusieurs visions pour toutes les répertorier. Pourtant, Freaks Out possède sa propre identité, celle d’un univers violent et bigarré où les monstres supposés deviennent des supers héros tragiques et les savants nazis des voyageurs du futurs.
Mené tambour battant et multipliant les moments cultes (le spectacle du début, l’attaque du train, l’antre de Franz et ses récitals au piano), le film déroule une galerie de personnages que l’on n’est pas prêts d’oublier, du savant fou aux monstres de foire en passant par une incroyable bande de partisans italiens, le tout porté par une musique envoutante et un décorum particulièrement soigné (l’utilisation de l’iconographie nazie est absolument extraordinaire).
Si l’on pense bien entendu aux premiers films de Guillermo del Toro, le Labyrinthe de Pan en tête, à Freaks de Tod Browning et à la culture pulp dans son ensemble (l’intrusion de la bande dans le train renvoie directement au flash-back du jeune Indiana Jones dans La dernière croisade), on peut aussi invoquer Candyman lorsque Cencio apparait le corps couvert d’abeilles, et surtout Mike Mignola et son Hellboy qui mêlait déjà galerie de personnages hors normes et nazisme.
Il faudra qu’Israël, père de substitution et figure tutélaire, disparaisse pour qu’enfin ses protégés accomplissent leurs destinées et, une fois n’est pas coutume, on se plait à imaginer une suite tout aussi folle pour ces monstres héroïques confrontés à la Grande Histoire et à la folie du monde. En attendant, on se console en repensant à Fulvio, Matilde, Cencio et Mario comme de vieux amis et on réalise en sortant de la salle que les deux heures vingt minutes de Freaks Out contiennent plus de cinéma que toutes les production Marvel de ces dix dernières années.
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