A contrecourant des films policiers de ces vingt dernières années, une heure vingt-huit sans rebondissement ni retournement de situation notable, Maigret dégage une tristesse sans nom, celle d’une absence trop lourde à porter et qui finit par nous entrainer vers le fond sans que l’on éprouve l’envie de remonter à la surface.
Porté par un Depardieu filmé comme le miroir du personnage de Simenon, le film de Patrice Leconte assume sa lenteur et son désespoir latent, d’autant plus beau et touchant qu’il fait écho à celui de son acteur qui n’en finit plus d’incarner son propre personnage crépusculaire.
C’est surement là l’une des limites du film, un écrin taillé pour Depardieu au point que l’on ne voit plus que l’acteur au détriment du commissaire débonnaire amateur de blanquette de veau et des ginguettes en bord de Seine. Cela n’entame en rien le plaisir que l’on éprouve dans cette promenade taciturne en plein Paris au sein de ce couple brisé par une absence dont on ne parle plus mais qui les hantera jusqu’à la fin de leurs jours. Un plan rapide sur Madame Maigret en train de débarrasser la chambre d’ami avec dans les bras une mappemonde rangée dans un carton suffit à illustrer ce renoncement.
Il faudra attendre la fin du film pour voir l’esquisse d’un sourire se dessiner sur les traits bourrus du commissaire, l’illusion d’une fille retrouvée le temps d’une enquête, avant de le voir disparaitre à son tour dans les rues de la capitale, engoncé dans son manteau et son incommensurable solitude.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire