De par son ambition, la maitrise de son sujet et un rendu visuel impressionnant, Le chant du loup fait figure d’exception dans le paysage cinématographique français plus habitué aux comédies et aux drames intimistes qu’au thriller d’anticipation technologique.
Porté par le bouche à oreille des spectateurs, le film d’Antonin Baudry fait son petit bonhomme de chemin vers le million de spectateurs et ce n’est que justice tant le pari est relevé haut la main.
Si l’on arrive à accepter l’intrigue terroriste résumée en trois phrases de dialogues par un Mathieu Kassovitz lapidaire et admiratif devant la créativité des islamistes, et si on ferme les yeux sur quelques situations expédiées un peu hâtivement, alors on se laisse immerger par un spectacle haletant digne des plus grosses productions internationales.
Car oui, les moyens déployés sont énormes (des sous-marins jusqu’au sound design confié à LucasFilms) mais toujours au service d’une histoire culottée (les russes ont envahi la Norvège et mettent l’Europe au pied du mur face à des États Unis attentistes), parfaitement maitrisée et documentée (on sent au passage le passé de diplomate du réalisateur) et servie par une distribution trois étoiles. La palme revient certainement à Reda Kateb, impérial dans son rôle de capitaine de sous-marin intransigeant et introverti sur lequel plane l’ombre du capitaine Marko Ramius d’À la poursuite d’Octobre Rouge. François Civil est particulièrement touchant dans ses quelques scènes intimistes avec Paula Beer, et Omar Sy prouve si besoin est qu’il peut être crédible sans afficher un sourire béat toutes les deux secondes. Parfois un peu à côté du rôle lorsqu’il s’agite à la manière d’un Louis de Funés par-dessus l’épaule de François Civil, Mathieu Kassovitz compose cependant un amiral acceptable porteur d’une hiérarchie militaire prisonnière de ses propres règles.
Le scénario évite les chemins trop balisés du film de guerre en évacuant presque systématiquement les vies privées des personnages pour se consacrer sur l’action. Seule exception, les relations entre Chanteraide et Diane qui offrent à François Civil ses plus jolies scènes dans un registre intimiste d’une très grande justesse. Autre originalité du film, l’absence d’un ennemi étranger contre lequel se battre mais au contraire un retournement de situation qui oblige les militaires à se retourner les uns contre les autres. C’est malin et habilement exploité.
Le chant du loup nous prouve qu’un cinéma français populaire, ambitieux et réussi peut trouver son public et concurrencer les plus gros blockbusters sans rougir de ses aspirations. C’est une excellente nouvelle, espérons qu’elle ouvre la voie à de nouveaux talents.
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