samedi 10 février 2018

Jusqu'à la garde

Transformer une situation quotidienne, déjà bien flippante, en une trame de thriller qui tourne au film d’horreur dans son dernier quart d’heure (bonjour Shinning), voilà le propos du nouveau film de Xavier Legrand. 
L’histoire débute dans le bureau du juge et pose les bases de l’intrigue. Antoine et Miriam entament une procédure de divorce dont l’enjeu se révèle rapidement être la garde de leur plus jeune fils, Julien. Dès le commencement le réalisateur renforce le contraste entre les deux époux par un effet de champs - contre champs faisant apparaitre le corps déjà massif d’Antoine comme disproportionné par rapport au frêle physique de Miriam. 
Les relations sont tendues, il règne entre les deux protagonistes un mélange de peur, de ressentiment et de colère qui affleurent et menacent d’exploser à tout moment. La tension ira crescendo jusqu’à un final empruntant tous les codes du home invasion par le biais de la présence écrasante de Denis Ménochet. 
Tour à tour père éploré par l’absence de ses enfants, mari jaloux ou pénitent, l’acteur aux yeux de chien battu bâti comme un déménageur samoan n’est rien d’autre que l’ogre des contes de fées, le grand loup soufflant sur la maison des trois petits cochons pour les dévorer. 
Jusqu’à la garde doit beaucoup à cette confrontation entre ces deux interprètes magnifiques que sont Denis Ménochet et Léa Druker avec au milieu le jeune Thomas Gioria tétanisé par ce père qui menace de le dévorer à chaque instant. Xavier Legrand se concentre sur ses personnages et rien de plus. 
Le décor, la direction artistique, les effets de manche s’éclipsent pour laisser le champ libre à une direction d’acteurs au cordeau et malgré quelques plans un peu longs, chaque scène transpire une tension qui ne nous quittera pas jusqu’au dernier plan, cette porte qui se referme sur nous comme un couvercle sur une marmite qui n’a pas fini de bouillir.

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