La rencontre entre DOA et Eric Valette laissait présager du meilleur dans le paysage du polar français. Rendez-vous raté.
Non pas que Le serpent aux milles coupures soit un film loupé ou ennuyeux, loin de là, il regorge d’éléments intéressants mais ne parvient pas à se détacher de quelques scories qui plombe le polar français depuis plusieurs années.
L’un des défauts du film, et pas des moindres, réside dans ses seconds rôles dont la plupart ont du mal à exister et dont certains en particulier nous plonge dans un profond malaise. La palme en revient à Pascal Greggory qui récite avec un manque total de conviction des dialogues beaucoup trop écrits, et dont la dernière réplique enfonce le clou d’un cercueil déjà bien lesté. Il est en cela accompagné par Stéphane Debac qui, si son jeu n’est pas à remettre en cause, incarne un personnage sensé trempé dans le trafic de drogue et qui semble sortir tout droit d’une sitcom familiale. Totalement décalé sans pour autant être comique, le personnage de Jean-François Neri n’est pas crédible une seule seconde à côté d’un Terence Yin qui frôle la caricature mais parvient in extremis à incarner un tueur glaçant pourtant bien (trop) gratiné sur le papier.
Après une longue exposition parfois brouillonne, le film se concentre dans un village dont tous les agriculteurs sont racistes (…) et qui va se transformer en théâtre sanglant lorsque tout ce qui porte un flingue dans un rayon de dix kilomètres converge au même endroit pour le règlement de compte final. Et ce n’est pas la moindre des frustrations du film que de nous priver du combat bestial que l’on espérait entre Terence Yin et Tomer Sisley, combat expédié en quelques secondes.
Si Eric Valette revendique de nombreuses influences allant du western rural au torture porn, et s’il les assimile plutôt bien dans une série B dont on ne peut nier la sincérité et l’efficacité, la sauce peine à prendre malgré le personnage de Tomer Sisley, sociopathe taciturne dont on n’apprendra pas grand-chose et qui tombe pourtant dans les travers les plus grossiers. En témoignent la séquence suicidaire trop démonstrative pour être honnête ou le demi-tour final pour aider une famille qu’il vient de séquestrer contre les méchants paysans du coin.
Peut être que DOA aurait dû confier l’adaptation de son roman à un autre scénariste car il y avait matière à en tirer un film sec et nerveux, sans concession (le motard aurait pu se retrouver malgré lui entre deux feu sans avoir pour cela besoin de faire demi-tour, ce qui semble assez peu crédible dans sa situation). On sera en droit de préférer un Braqueurs sorti un an plus tôt et qui, avec un personnage central au final pas si éloigné, arrivait à nous proposer un spectacle autrement plus réjouissant.
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