samedi 7 décembre 2013

Zulu

Zulu démontre une fois de plus qu’il est extrêmement rare que l’adaptation d’un livre lui rende l’hommage qui lui est dû. Mise à part quelques exceptions notables (Fight Club, le Seigneur des Anneaux,…), retranscrire fidèlement à l’écran l’essence même d’un livre est prodigieusement difficile. Malheureusement, le film de Jérôme Salle ne déroge pas à la règle. Zulu reprend les principaux personnages créés par Caryl Ferey, les grandes lignes de l’intrigue et bien entendu le lieu même où se situe l’action. Mais là où le livre diffusait une atmosphère violente et vénéneuse, empreinte de perversions et de mutilations sexuelles (l’un des thèmes récurrents de l’écrivain), le réalisateur n’en garde que le vernis. L’un des intérêts du livre était de nous plonger dans la culture Zoulou, son histoire aussi bien culturelle que politique. Dans le film, cet aspect est complètement gommé au profit de l’intrigue policière, ramenée elle aussi à son plus simple argument. 
Alors bien sûr, on ne peut pas reprocher au réalisateur de faire des choix et de ne pas chercher à retranscrire mot pour mot une histoire qui d’ailleurs ne tiendrait pas dans un format de deux heures. Ce qui est plus gênant est le traitement qui est fait du matériau restant. 
Alors que le film bénéficie d’une très belle photographie reproduisant aussi bien l’ambiance des Townships de Capetown que les magnifiques paysages d’Afrique du Sud, la réalisation de Jérôme Salle est plate et purement illustrative. Le film bénéficie d’un casting solide, les différences flagrantes entre le personnage d’Ali Sokhela tel que l’a imaginé Caryl Ferey, et Forest Whitaker étant d’ailleurs un choix intéressant, celui-ci pâtit d’une direction d’acteurs visiblement réduite au strict minimum. Forest Whitaker fait preuve d’une passivité gênante tandis qu’Orlando Bloom accumule les poncifs de flics à la dérive. 
Sans parler d’un échec général, Zulu est cependant bien loin du film choral poisseux et violent que l’on était en droit d’attendre. Il reste un thriller dépaysant solidement emballé qui devrait satisfaire ceux et celles qui n’ont pas lu le livre dont il est tiré.

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