mercredi 24 juillet 2013

Pacific Rim


Lors du générique de fin, Guillermo del Toro rend hommage à Ray Harryhausen et Inoshiro Honda, deux figures incontournables du film de monstres. Et c’est bien cet amour des monstres de toute nature qui anime une fois de plus le réalisateur du Labyrinthe de Pan et des Hellboy. Peter Jackson avait fait sa déclaration d’amour au genre avec sa magnifique version de King Kong, c’est au tour de Guillermo del Toro de rendre hommage au cinéma d’animation avec Pacific Rim. Car ne nous y trompons pas, les vrais figures légendaires du film sont bien les Kaiju, ces monstres gigantesques surgit d’une autre dimension qui veulent coloniser notre planète. Les Jaegers, formidables machines de guerre conçues pour les combattre, ne sont que des coquilles vides et inopérantes sans les hommes et femmes qui les manipulent de l’intérieur. Et ce sont eux qui leur donnent leur personnalité. Le Jaeger russe reflète l’aspect massif de son couple de pilote, alors que le robot japonais à trois bras n’est qu’une extension des triplés qui le mène au combat. Et s’il n’est plus question du danger de l’arme atomique comme lors du premier Godzilla en 1954, le propos reste le même puisque c’est la pollution et le trou qui perce la couche d’ozone qui permettent aux Kaijus d’envisager de vivre sur Terre à notre place.
Evincé du plateau du Hobbit et délaissé, pour un temps, de son projet d’adaptation des Montains of Madness, le réalisateur se rattrape en mettant encore une fois en scène des monstres tentaculaires qui pourraient tout à fait sortir de l’imagination de H.P. Lovecraft.
Pacific Rim débute par un prologue qui résume en quelques minutes les premières attaques des Kaiju et l’apparition des Jaegers. Guillermo del Toro démontre une fois de plus son extraordinaire capacité à raconter des histoires en condensant de façon crédible ce qui aurait pu être un film à part entière. Et ce n’est que le début.
Pacific Rim enchaine les scènes de bravoure, chaque apparition des titans de chair ou d’acier étant filmée avec un sens aigu de la mise en scène. Il suffit d’un infime détail, un oiseau, un hélicoptère ou un paquebot utilisé comme gourdin, pour rendre compte sans en rajouter de la puissance et de l’immensité des combattants. Que ce soit sur terre, sous la mer ou dans les airs, chaque combat est parfaitement chorégraphié et doté d’un potentiel dramatique qui fait défaut à la plupart des films se situant sur le même créneau (voir à ce sujet la bataille finale de Man of Steel).
Pacific Rim pourrait se limiter à être un spectacle grandiose, mais ce serait mal connaitre le génial mexicain. Fidèle à lui-même, il n’oublie pas que les enjeux sont avant tout humains. Et l’histoire est construite autour d’une multitude de personnages et d’enjeux dramatiques qui font du film une réussite majeure. Alliant la forme au fond, le réalisateur fait encore une fois preuve d’un soin tout particulier apporté aux décors et à l’esthétique de son film. La scène du souvenir de Mako est ainsi traitée comme un conte de fées où la petite fille est poursuivie par un dragon de légende avant qu’un preux chevalier monté, non pas sur son destrier, mais sur son robot, ne vienne la sauver. Et cette petite chaussure rouge qu’elle ne lâche pas, c’est son cœur que son père adoptif lui rendra à la toute fin, lui permettant ainsi de se libérer d’une vengeance qui l’aliène. Le personnage de Mako est associé à une palette de couleurs froides qui reflète son état d’esprit, du moins jusqu’à la dernière scène, alors que Raleigh est environné de couleurs chaudes. Ce sont ces détails que nous percevons sans toujours parvenir à les expliquer qui nous entrainent dans une histoire qui aurait pu se contenter d’enchainer les lieux communs.
Alors certes, il y a bien quelques petits raccourcis (qu’est devenu le Jeager japonais à trosi bras et son équipage après l’attaque ?), Guillermo del Toro concède quelques passages obligés (le sacrifice des soldats, le jeune homme turbulent et effronté qui se rachète au dernier moment, la chute puis la renaissance du héros), mais on lui est reconnaissant de ne pas alourdir son propos plus qu’il ne le faut, par exemple en ne faisant qu’esquisser une histoire d’amour naissante qui aurait pu plomber le film.
Mélant humour, spectacle démesuré et humanité, Guillermo del Toro prouve une fois de plus que l’on peut faire des films à grand spectacle sans prendre les spectateurs pour des demeurés, et s’impose de plus en plus dans le panthéon des plus grands réalisateurs de films fantastiques.

jeudi 18 juillet 2013

Monstres Academy


Le film commence par le plan d’un pigeon vu de profil dans une banlieue américaine typique. L’oiseau se tourne vers le spectateur et l’on se rend compte que c’est un monstre bicéphale plutôt agressif. Monstres Academy suivra la ligne directrice de cette première scène : rendre cohérent un monde peuplé de monstres de toutes sortes, de telle sorte que c’est celui des humains qui fait office de bizarrerie. L’histoire est une préquelle du premier opus et commence avec le tout jeune Bob Razowski qui ne rêve que d’une chose, devenir une Terreur et intégrer la prestigieuse Monstres Academy. Le film ne tire clairement pas sa force d’un scénario assez convenu qui fait la part belle à l’entre aide plutôt qu’à l’individualisme, au courage, à la probité et à l’amitié. Rien de bien nouveau sous le soleil de Pixar de ce coté là donc. Ce qui fait tout l’attrait de Monstres Academy, ce sont ses personnages et la façon dont ils interagissent entre eux dans un monde complètement crédible. Alors que Monstres et compagnie explorait l’univers professionnel, c’est ici le campus et tout ce que cela implique de communautés, de laissés pour compte et de stars qui est mis à l’honneur. Et une fois encore, on ne peut que se laisser porter par une animation au sommet de son art, tout en faisant abstraction d’une 3D qui, une fois encore, n’est là que pour pomper encore un peu plus d’argent au spectateur sans apporter quoi que ce soit à un film qui n’en a pas besoin.
La genèse du personnage de Bob Razowski est intéressante à plus d’un point. Outre le fait qu’il croise le chemin de nombre de monstres qu’il retrouvera quelques années plus tard dans Monstres et Compagnie, il représente également l’essence même du spectacle. Sa volonté d’être sous le feu des projecteurs se heurtent à de multiples épreuves qu’il lui faudra traverser pour comprendre que sa place est davantage derrière la caméra que sur la scène.
Alors que Monstres et Compagnie jouait aussi la carte des sentiments avec le personnage de la petite fille Bouh qui ne quittait pas Sulli et Bob, sa préquelle mise tout sur l’action et le divertissement. Le film alterne les scènes franchement drôles (la première épreuve de poursuite au milieu de jouets radioactifs), ou carrément effrayantes. Comme la bibliothécaire qui semble sortie tout droit d’un roman de Lovecraft, ou encore la séquence de la maison envahie par les policiers où sont piégés nos deux héros. Pour s’en sortir, ils décident d’effrayer les agents humains, et l’on se croirait dans une scène de Silent Hill tellement le climat de peur tout en suggestion est réussi.
Monstres Academy, s’il ne se hisse pas au niveau du premier épisode, démontre une fois encore l’hégémonie de l’écurie Pixar sur le monde de l’animation. D’un point de vue technique certes, mais aussi et surtout grâce à un don précieux pour parler aux enfants, les vrais et ceux qui sont en nous, de manière intelligente et respectueuse.