samedi 5 janvier 2013

Maniac


Les spectateurs français ont découvert le film de William Lusting par le biais des VHS René Château en même temps que Zombie et Massacre à la tronçonneuse, deux autres monuments de l’horreur des années quatre vingt qui ont eut droit à leur remake d’ailleurs très réussis. Jusqu’à présent, personne ne s’était attaqué à ce film moins connu du grand public. Jusqu’à ce qu’Alexandre Aja et Grégory Levasseur, dont les remakes semblent devenir la marque de fabrique, ne décident d’en écrire et produire une nouvelle version. La tâche était ambitieuse tant le film original reste un sommet du film d’horreur urbain et malsain. Cette réputation pleinement justifiée est due en grande partie à la présence de Joe Spinell dont le physique si particulier confère à son personnage une dimension unique, parfaire incarnation d’un psychopathe dérangeant, à mille lieues des habituels croquemitaines qui hantent les films de genre. Pour cette nouvelle version, les scénaristes choisissent de se démarquer du modèle original en optant pour une vue subjective sensée immerger le spectateur dans la peau et l’esprit de Franck Zitto, incarné de manière assez inattendue par Elijah Wood que l’on n’attendait pas dans ce type de personnage.
Difficile toutefois de faire table rase du passé tant la puissance du Maniac de 1980 est grande. Dès le générique d’ouverture, le ton est donné. Une musique électronique assourdissante, des rues sombres et mal famées, un titre qui remplit l’écran en lettres rouges, on se croirait de retour trente ans en arrière. Et tout au long du film, les auteurs n’auront de cesse de se raccrocher à leur modèle, comme dans la scène du parking où le reflet de Franck, couteau et scalp à la main, renvoie directement à l’affiche originale. Ou à travers le mannequin coiffé des cheveux d’Anna, réplique exacte de celui que l’on peut voir dans le film de William Lusting.
Mais au-delà de ces clins d’œil référentiels, il faut admettre que le film possède sa propre personnalité. Si le point de vue subjectif ne permet pas à Elijah Wood de développer une interprétation qui reste assez minimaliste, le personnage d’Anna, les flashes back mettant en scène sa mère interprétée par America Olivo et leur connotation sexuelle beaucoup plus marquée que dans l’original sont des points de vue intéressants qui enrichissent la personnalité complexe du tueur. Les relations entre Franck et Anna sont d’ailleurs beaucoup plus fouillées et construites que celles qui passaient par le personnage interprété à l’époque par Caroline Munro.
Malheureusement Elijah Wood n’est pas Joe Spinell. Alors que son personnage se fond dans la foule et participe même au vernissage d’une exposition, on imagine mal le Franck Zitto original, poisseux et imposant, dans la même situation. Au-delà de quelques détails techniques (une petite incision et le cuir chevelu se détache presque tout seul), et malgré des effets gores du plus bel effet, le film de Franck Khalfoun ne distille pas cette atmosphère suffocante et anxiogène que seul Henry, portait of a serial killer a su retrouver depuis le classique de William Lusting.
Presque dénué d’humour, si ce n’est le meurtre de Martin particulièrement jouissif, et de ce second degré, voir de cynisme, qui désamorce les effets de la plupart des films d’horreur actuels, Maniac reste un film efficace, dont la nécessité ne se faisait peut être pas ressentir mais qui a su avec intelligence trouver sa voie tout en respectant à peu prés son modèle.
Il est dommage que le réalisateur ait choisit de conclure son histoire sur un plan bêtement explicatif. L’avant dernière scène onirique qui voit Franck se transformer en mannequin aurait été nettement plus adaptée à l’esprit du film.

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