Heureusement, Oliver Stone a eu la bonne idée de multiplier les personnages secondaires les plus tordus qui soient, et de s’entourer d’une pléiade d’acteurs épatants. Salma Hayek en reine de cartel, John Travolta en agent des stups corrompu jusqu’à l’os, Emile Hirsch en comptable improbable, Demian Bichir échappé de Weeds et fidèle à son rôle de dealer. Mais la palme revient sans conteste à un Benicio Del Toro métamorphosé en tueur implacable qui nous offre une partition absolument réjouissante.
Le réalisateur n’arrive pas à se débarrasser d’un certain maniérisme (couleurs saturées, alternance de plans en noir et blanc et couleur, narration de l’histoire en voix off) et il se place clairement sous l’influence du Tarantino des premières années. Que ce soit par la multiplicité des personnages hauts en couleurs ou par la bande son branchée omniprésente, Savages n’est pas sans rappeler Pulp Fiction à plusieurs occasions. Il y a pire référence, même si l’on est en droit d’attendre d’un cinéaste de la trempe d’Oliver Stone un peu plus de personnalité.
Le film, qui alterne des scènes d’actions impressionnantes et des séances d’une violence peu commune (décapitations à la tronçonneuse, tortures, exécutions sommaires) se regarde avec plaisir. Jusqu’à la double fin qui entérine définitivement le choix du réalisateur de tourner le dos au nihilisme de sa période Tueurs Nés. Entre la Horde sauvage et le happy end, Oliver Stone a choisi son camp et on ne peut que regretter son manque d’audace et d’anticonformisme.
Est-ce le poids des studios ou l’envie de renouer avec le succès public qui a dicté son choix ? Il n’empêche que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’avec un peu plus d’audace, il aurait pu nous livrer un film à la fois fun et corrosif, ensoleillé et sombre, amusant et terriblement brutal. Et ça c’est terriblement frustrant.
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