mercredi 15 août 2012

Rebelle

Première incursion de Pixar dans le film de princesse, Rebelle met en scène une jeune fille écossaise qui justement refuse de devenir une princesse. Mais bien plus qu’un conte, Rebelle est avant tout un film sur l’adolescence comme son titre français l’indique. Le film traite en effet du passage de l’enfance au monde adulte en invoquant les théories freudiennes les plus basiques, habillées des légendes et du fantastique celtiques. Merida est une jeune fille libre et insouciante, choyée par son père et en conflit avec sa mère qui rêve pour elle d’un destin tout tracé passant par le mariage et les responsabilités dues à son rang, comme elle l’a elle-même vécue quand elle avait le même âge. Le début du film voit l’affrontement du père avec un ours monstrueux qui lui dévore une jambe. Fergus, qui est à la fois roi et père, acquiert alors la réputation d’un redoutable tueur d’ours qui n’a de cesse de retrouver Mordu, l’animal qui l’a privé de son intégrité physique. Quand Merida, à la suite d’une violente dispute avec sa mère, rencontre une sorcière qui n’est autre que l’incarnation de son subconscient, elle lui demande, inconsciemment, de la transformer en ours.
La jeune fille en devenir qu’elle est souhaite clairement la mort de sa mère par le bras de son propre père afin de prendre sa place et, inconsciemment toujours, et symboliquement, de coucher avec lui. Alors que sa mère est prisonnière de sa forme d’ours, privée de son humanité, Merida parvient enfin à communiquer avec elle. La reine est en effet à la merci de sa fille qui doit lui apprendre comment se nourrir et la protéger. Les rôles sont inversés, la fille a pris la place de la mère qui se trouve refoulée à sa nature animale.
Rebelle est le premier film Pixar à être coréalisé par une femme, Brenda Chapman. Est-ce un hasard, mais il est notable que tous les personnages d’hommes sont quasiment insignifiants. Les chefs de clans sont des brutes qui ne pensent qu’à boire, manger et à se battre, leurs fils sont des abrutis congénitaux, quand au roi, il est incapable de prendre une décision ou de prononcer un discours sans l’aide de sa femme. L’histoire se concentre en fait autour de deux personnages, Merida et Elinor, la fille et sa mère, la sorcière n’étant que la concrétisation des désirs les plus secrets et inavouables de l’adolescente.
Bien entendu, tout cela se terminera bien, chacun faisant des concessions pour respecter l’autre en tant que personne et non plus comme le symbole de l’autorité ou d’un certain rang social. Comme d’habitude, l’animation est parfaite, la 3D parfaitement dispensable et les personnages bien écrits. Pourtant, les ficelles sont plus grosses que d’habitude. L’esprit frondeur qui faisait tout le piquant des chefs d’œuvre passés, de Monstres et Compagnie aux Indestructibles, la poésie qui imprégnait Wall E sont ici absents. L’influence de Disney semble plus pesante et le coup d’essai des studios Pixar dans le conte de fées n’est pas aussi concluant que l’on pourrait l’espérer. Vivement la suite de Monstres et Compagnie !

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