Réaliser
un bon film de super héros est une vraie gageure, les adaptations dignes de ce
nom se comptent sur les doigts d’une main. Mais mettre en scène un film choral
avec toute une équipe de justiciers devient vite un parcours du combattant pour
le réalisateur le plus chevronné. Les références en la matière étaient jusque
là les X Men de Brian Singer ainsi que le récent X Men : First Class de Matthew
Vaughn. Bonne nouvelle, Avengers se hisse au niveau de ses glorieux
prédécesseurs. Après plusieurs films plus ou moins réussis mettant en scène les
différents membres du groupe, le réalisateur Joss Whedon hérite de la lourde
tâche de réunir l’une des plus fameuses équipe de super héros pour la première
fois à l’écran. Que ce soit au niveau
des personnages eux même comme de leurs interprètes, il fallait avoir la
maitrise nécessaire pour équilibrer les égos de chacun et livrer un film qui
comble à la fois les fans de la première heure et les néophytes. Le pari est
gagné haut la main. Le réalisateur arrive en effet à faire exister chaque membre
du groupe sans en sacrifier un seul, avant de les réunir pour un titanesque
mais néanmoins lisible combat final. Chaque caractère, chaque individualité est
parfaitement rendu à l’écran. Le coté play boy et frondeur de Tony Stark, la rigidité
morale et le décalage de Captain América, la schizophrénie du docteur Banner et
la rage destructrice et incontrôlable de Hulk, la divinité de Thor, le coté
manipulateur de la Veuve Noire. Même Loki est doté d’une épaisseur et d’une
personnalité que les comics ne laissaient pas vraiment transparaitre. Seul le
personnage d’Œil de faucon, qui n’est d’ailleurs jamais nommé dans le film, est
un peu sacrifié. C’est d’ailleurs le seul également à qui on n’a pas gardé son
costume de combat.
Ceci étant, le film est interprété par un casting de choc,
chacun rivalisant de bons mots sans jamais chercher à tirer la couverture à
soi. Et des bons mots, les dialogues en regorgent, jouant avec délectation d’un second degré
salutaire. Car contrairement à la noirceur de Batman ou à la maturité, voire
parfois la gravité des X Men, les Avengers ont toujours été les héros d’aventures
plus divertissantes que franchement tragiques.
Avengers reprend donc des moments
clefs des comics originaux, comme l’affrontement entre Thor et Hulk, la
rivalité latente entre Iron Man et Captain América qui renvoie sans vraiment le
dire à Civil War, et même une certaine duplicité chez Nick Fury dont les
motivations et les moyens employés pour parvenir à ses fins ne sont pas
toujours très clairs.
Alors bien sur, le film se veut tout public et les
envahisseurs extra terrestres apparaissent à la fois comme des êtres de chair
et de sang et comme des robots. Ce qui exclut toute trace de sang justement, et
toute violence trop explicite. La scène finale qui voit l’invasion de notre
planète par des créatures lovecratiennes qu’aurait pu combattre Hellboy s’étend
un peu en longueur mais on ne s’ennuie pas un seul instant et le réalisateur parvient
même à ne pas perdre le spectateur malgré une action foisonnante. Mieux que
cela, il s’offre même le luxe de plans osés en filmant un personnage à travers
une vitre brisée ou en jouant constamment sur les jeux de miroirs, chose peu
commune dans un blockbuster.
En dépit d’une 3D qui une fois de plus n’apporte
pas grand-chose mais qui ne gâche pas non plus la vision du film, Avengers est
donc une franche réussite et laisse présager une suite imminente. Prions pour qu’elle
soit aussi bonne.
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