dimanche 23 octobre 2011

Polisse

Habituée au film choral, Maïwenn se penche cette fois sur le quotidien des policiers de la Brigade de Protection de l’Enfance. Ils sont neuf, hommes et femmes aux personnalités marqués, tour à tour agaçants, attachants, exaltés ou écœurés par un métier hors du commun.

Car la réalité des membres de la BPE est loin de celle des flics habituellement mis en scène au cinéma. Chaque jour, ils sont confrontés à des viols d’enfants, des incestes, des enlèvements ou de l’esclavage. Face à cette réalité terrible, chacun réagit à sa façon, avec des répercussions inéluctables sur leurs vies privées.

Avec Polisse, Maïwenn frappe fort car elle frappe juste. Il aurait été facile de tomber dans le voyeurisme ou le misérabilisme avec un tel sujet. La réalisatrice évite avec élégance tous ces écueils en marquant à la culotte un groupe incarné par des comédiens d’une rare justesse. Pas de prise de position, peu de scènes d’actions, pas de pathos exagéré, les situations mises en scènes parlent d’elles même. Maïwenn va même jusqu’à traiter par l’humour une situation dramatique quand une jeune fille explique le plus naturellement du monde devant l’équipe hilare qu’elle a sucé des garçons pour récupérer son portable, parce que tout de même, « c’était un beau portable ». La tension supportée quotidiennement par ces policiers est gérée différemment par chacun mais elle a toujours des conséquences sur leur vie privée. Et quand elle éclate, cela donne des scènes d’une force incroyable, comme cette dispute homérique entre Karin Viard et Marina Foïs, ou la confrontation entre un père arabe traditionaliste et Naidra Ayadi.

Porté par une tension et une énergie qui ne faiblit pas un seul instant quand nous partageons le quotidien de la BPE, le film s’essouffle quand il s’agit de traiter des histoires amoureuses qui viennent se greffer sur l’histoire, particulièrement celle entre Maïwenn et Joey Starr. Pour dire les choses comme elles sont, chaque apparition de Maïwenn en tant qu’actrice plombe le film. De même, la scène de la discothèque est trop longue et coupe le rythme qui ne laissait jusque là pas un seul moment de répit au spectateur.

En dehors de cela, Polisse est une vrai réussite, une claque sans aucun artifice dont on sort en ne sachant pas trop s’il est porteur d’espoir ou au contraire si le film est le constat sans appel d’une souffrance d’autant moins acceptable qu’elle prend pour cible des enfants.

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